Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1320

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vent encore nous faire bien du mal ; mais il est impossible de pouvoir l’éviter. En attendant, armons-nous de patience et bravons les dangers : les âmes républicaines sont à l’épreuve de tout. Il est inutile que je vous offre mes petits services dans tout ce qui pourra humainement dépendre de moi ; mon dévouement pour vous et tout ce qui vous appartient est sans bornes, et rien au monde ne me sera si flatteur que de pouvoir trouver l’occasion de vous être agréable en quelque chose ; c’est dans ces sentiments que je vous prie de me croire très respectueusement votre dévoué serviteur.


L. Dep. [Lauze-Deperret].

Cependant Garat, sur les instances de Champagneux, et malgré la sanglante lettre du 20 juin, s’était décidé à intervenir auprès du Comité de Sûreté générale, qui avait pris, par son ordre du 24 juin, l’arrestation à son compte. Voici ce que Champagneux (Discours prélim., lii-liv) dit à ce sujet :

« Elle adressa plusieurs lettres à Garat, ministre de l’Intérieur, pour faire prononcer par les autorités compétentes sur ses plaintes. Garat, qui voyait grossir les préventions et l’orage contre les Roland, voulut d’abord temporiser, ce qui lui attira la terrible lettre dont la Ce Roland parle dans ses Mémoires et dont elle regrette d’avoir perdu la copie. Je l’ai, moi, cette copie ; et cependant je ne la publierai pas ; je le dois à Garat, qui avait fait une réponse très dure à cette lettre et qui, à ma prière, non seulement ne l’envoya pas à son adresse, mais écrivit au Comité de Sûreté générale et lui présenta avec assez d’énergie les réclamations de la Ce Roland.

« Cette lettre de Garat au Comité reçut une réponse, du 1er juillet 1793, signée par Chabot et Ingrand, deux des membres ; elle est dégoûtante d’absurdité et d’injures, la voici :

Le Comité de Sûreté générale, citoyen ministre, a motivé l’arrestation de la Ce Roland sur l’évasion de son mari, qui dans ce moment souffle le feu de la guerre civile dans le département de Rhône-et-Loire[1], et sur la complicité de cette prétendue Lucrèce avec son prétendu

  1. Nous avons dit que Roland était à Rouen. Mais on semblait persuadé, à Paris qu’il était à Lyon, soulevant la ville. Déjà, le 24 juin, quand les commissaires de la section de Beaurepaire étaient allés à la Mairie réclamer contre la seconde arrestation de Madame Roland, les administrateurs de la police, Louvel et Jobert, avaient répondu que le nouveau mandat d’arrêt était « valable et nécessaire » : 1° … 2° « parce que l’ex-ministre Roland est maintenant dans la ville de Lyon, qui est en pleine insurrection ». (Procès-verbal dressé par la section de Beaurepaire, cité par Faugère, Mém., I, 395-398.) L’erreur était générale. — Voir rapport de Saint-Just à la Convention, le 8 juillet ; — lettre des représentants à l’armée des Alpes, Dubois-Crancé, Gauthier et Nioche au Comité de Salut public, du 16 juillet (Aulard, V, 276-279) ; – article