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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/1371

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[À MADAME GODEFROID, À PARIS[1].]
[7 novembre 1793, — de la Conciergerie.]
À la personne chargée du soin de ma fille[2],

Vous devez au malheur, citoyenne, et vous tenez de la confiance un dépôt qui m’est bien cher. Je crois à l’excellence du choix de l’amitié, voilà le fondement de mes espérances sur l’objet des sollicitudes qui rendent pénible ma situation présente.

Le courage fait supporter aisément les maux qui nous sont propres, mais le

  1. Publiée pour la première fois par Champagneux (Disc. prélim., p. lxxix ; Faugère, II, 275.

    La date du 7 novembre se trouve sur une copie, de la main de Bosc, qui appartient à M. Alexandre Beljame. Cette lettre serait donc la dernière que Madame Roland aurait écrite, si du moins Bosc ne s’est pas trompé en data sa copie. (Nous avons vu qu’il s’est trompé plusieurs fois en datant la copie de la lettre « À ma fille »). Mais cette date du 7 novembre reste vraisemblable.

  2. Comme on l’a vu par la lettre précédente, Madame Roland savait, le 27 octobre, que sa fille n’était plus chez les Creuzé-Latouche, mais ignorait encoire où Bosc l’avait placée. Cette lettre est donc, de celles que nous possédons, la dernière qu’elle ait écrite.

    M. Barrière, qui écrivait presque sous la dictée de Bosc, nous apprend le nom de la personne qui avait recueilli Mlle Roland :

    Des amis de Madame Roland [les Creuzé-Latouche] avaient recueilli sa fille ; ils se virent bientôt forcés, pour leur sûreté personnelle, de placer cette jeune fille chez une maîtresse de pension, qui ne consentit elle-même à la recevoir qu’en lui faisant prendre un autre nom. Madame Roland apprit cette nouvelle peu de jours avant sa mort. Ce cœur si ferme se troubla tout à coup. La lettre qu’on va lire fut écrite à cette occasion.

    (Édition de 1820.)

    L’estimable institutrice qui l’avait recueillie dans sa maison se nommait Godefroid. Sa fille, qui s’est fait un nom distingué dans les arts, est restée la meilleure amie d’Eudora. (Édit. de 1827)

    Voir, dans la Gazette des Beaux-Arts (janvier et juin 1869), un très intéressant article de M. Léon Arbaud sur Mme Godefroid, et surtout sa fille, Marie-Éléonore, qui fut l’élève et l’amie du célèbre peintre Gérard. Cf. le Dictionn. de Bellier de La Chavignerie, à l’article de Mlle Godefroid ; on y voit qu’aux salons de 1831, 1833, 1834, 1846, 1847, Mlle Godefroid exposa divers portraits de Mme Eudora Champagneux et de ses enfants. Quant au fils de Mme Godefroid, il se pouvait qu’il fût ce Godefroid, « âgé de 22 à 24 ans en 1794 », dont parle Étienne delécluse (Louis David, son école et son temps, p. 12-13).