Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/141

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pas toujours mieux qu’une autre. Soit peur ou sorte de finesse, elle à comme voulu tâter le terrain. J’ai montré la porte, toute ouverte, quiconque aurait la moindre idée de sortir, et moi comme très pressée de me défaire de celle qui en aurait la plus légère envie. Ma foi, peur est venue tout de bon : elle fait de son mieux aujourd’hui. Adieu, loup-loup, reviens bien vite ; il m’ennuie fort de ne pas te voir.

J’ai écrit à M. Flesselles[1] des questions de ma façon sur une partie que je trouve absolument incomplète : c’est l’emploi des cendres pour engrais. Il faut bien dire : quelle est la meilleure cendre de tourbe pour cet objet ; eu quelle quantité à peu près on doit l’employer relativement aux différentes qualités de terres ; comment et dans quel temps ; quels sont les abus de cet usage, s’il y en a ; comment on pourrait mieux faire ; quels sont et quels pourraient être les résultats ? Je n’ai rien reçu de Rollot[2] ; rien de Rouen : c’est inconcevable ; M. de Vin est venu ce soir causer politique ; il demande expressément d’être nommé dans ma lettre comme un de ceux qui t’aiment beaucoup et te disent mille choses. M. d’Eu est venu ensuite, j’ai demandé notre liste pour demain ; je cherche comme une perdue dans ces journaux ou je ne trouve guère. Le rondinelle hanno fatto dei piccoli che susurrano ; io, non posso bisbigliare, perché sono sola. Aspetto ti, rivien frettolosamente al dolce nido ove mesta la tua compagna ti brama, Vade al letto, idol mio, colla cara sembiama tua in petto.

Enfin, nouvelles de Rouen : les deux amies pensent et parlent comme écrivait la cadette[3].

M. Justamont est content : il trouve dans la réponse toute la force

  1. Louis Flesselles ou de Flesselles, le plus entreprenant des manufacturiers d’Amiens, ami dévoué des Roland, va tenir tant de place dans la Correspondance, que nous croyons nécessaire de lui consacrer une notice. — Voir Appendice I.
  2. Rollot, gros bourg de Picardie à 9 kilomètres de Montdidier. On y fabrique encore « des cendres vitrioliques. » (Joanne Dict. de la France.)
  3. La cadette des demoiselles Malortie que Roland avait aimée et qui était morte. Il l’a pleurée, en prose poétique, sous le nom de Cléobuline. ‑ Voir Appendice D.