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(Lettre du 20 avril 1784) ; 3° Michel Cousin avait décidément la manie de l’italien. « Fou de l’italien », dit de lui Madame Roland (Mém., II. 239), en m plaignabt qu’il eût farci de citations en cette langue les Lettres sur l’Italie, de Roland, lorsqu’il eut à en diriger l’impression.

Le second fils, Louis Cousin, appelé d’ordinaire, suivant l’usage du temps de donner un second nom aux cadets, Consin-despréaux, était né à Dieppe le 7 août 1743 ; il avait donc neuf ans de moins que Roland. Élevé d’abord au collège de Senlis, puis au collège du Plessis, à Paris, où il demeura ensuite plusieurs années à suivre des cours publics, il ne serait rentré en Normandie qu’en 1763. un an avant la mort de son père. Mais comme Roland quitta la province en 1764, cet intervalle ne suffirait pas pour expliquer leur étroite liaison. Ils durent se connaître auparavant, par l’entremise de Michel, et durant les vacances que le jeune étudiant passait alors en Normandie. Dans cette société, Cousin-Despréaux s’appelait Platon.

La mort de son père « le fixa entièrement auprès de sa mère, qui avait d’importances affaires à liquider » (Galerie dieppoise). Il demeura dans la Grande-Rue, comme son frère, et probablement dans la même maison.

Le 6 février 1770, il se maria, à la paroisse Saint-Jacques, avec Mlle Reine, fille d’un négociant de Dieppe ; elle avait 22 ans, lui 27. Fille et sœur de marchands, « elle faisait un négoce de dentelles, auquel elle joignit plus tard des armements pour la pêche côtière. Despréaux fut son conseil, son teneur de livres et le rédacteur de sa correspondance mercantile » (ibid). Mais il n’avait pas renoncé pour cela à l’étude, et il entreprit, vers 1770, une Histoire de la Grèce, à laquelle, comme on le voit par divers passages de la correspondance de Roland, celui-ci collabora activement, au moins pour la préparation des matériaux. En novembre 1776, étant en Sicile, il va visiter le temple se Ségeste (Lettres d’Italie, 15e lettre) et écrit : « Je prends quelques notes relatives à la géographie de la Grande-Grèce ; elles me sont demandées par l’amitié ; … c’est d’ailleurs concourir à la perfection d’un ouvrage dont le projet nous a souvent occupés, l’auteur et moi, dans de longues promenades… » et il ajoute en note (n’oublions pas qu’il n’imprime qu’en 1780) : « Voyez l’Histoire générale et particulière de la Grèce, par M. Cousin-Despréaux, de Académies de Rouen, de Villefranche, et des Arcades de Rome, t. Ier.

L’ouvrage de Cousin-Despréaux est en 16 volumes in-12, imprimés à Dieppe, chez Dubuc, qui parurent successivement de 1780 à 1789 ; il était dédié à Miromesnil, dont les deux frères paraissent avoir également recherché le patronage.

La compilation du lettré Dieppois n’eut qu’un succès d’estime, et fut d’ailleurs bientôt rejetée dans l’ombre par le Voyage du jeune Anacharsis (1788). Toutefois elle valut à son auteur le titre de correspondant de l’Académie des Inscriptions. Il était déjà adjoint a associé (c’est-à-dire adjoint aux associés libres) de l’Académie de Rouen. Nous croyons superflu d’entrer dans le détail des autres Académies provinciales auxquelles il se fit agréger ; comme son frère, Michel Cousin, comme Roland, qui lui servit d’interlocuteur aux Arcades de Rome, puis à Villefranche '1779, l’année où il y entrait lui-même), à Lyon, à Marseille, à Dijon, etc., il était friand de ces distinctions innocentes.

Il eut de nombreux enfants, dont quatre vivaient encore en 1842 ; l’un d’eux, l’aîné