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Il eut cinq fils et une fille. La fille « avait épousé un épicier de Lyon, nommé Maindestre, qui demeurait quai Saint-Clair, dans la maison des Tolozan »[1].

Nous ne savons rien du premier et du troisième de ses fils.

Le quatrième, Louis Tolozan de Montfort, né le 29 juin 1726, mort à Oullins le 10 décembre 1811[2], négociant, chevalier, trésorier et receveur général des deniers communs de la ville de Lyon, est le dernier des prévôts des marchands (1785-1789) qu’ait eus cette grande cité[3]. En cette qualité, il était « commandant dans la ville de Lyon en l’absence du gouverneur, M. le duc de Villeroy » (Alm. de Lyon). Il était membre associé de l’Académie de Lyon (1785) et membre de la Société d’agriculture. Le pamphlet de 1790, — bien renseigné. — dit qu’il était devenu « le plus riche commerçant de Lyon. Sa vaste maison, sur le quai Saint-Clair, est qualifiée d’hôtel ». Le libelliste ajoute : « Sa fille a épousé le comte d’Ons-en-Bray… Elle fait la duchesse à Paris… ». Un peu plus loin, il nous apprend qu’elle s’appelait Clémentine de Tolozan, qu’elle habitait rue du Grand-Chantier, au Marais, dans l’hôtel qu’y possédait son père, et il reproduit sur elle une accusation grossière, tirée d’un autre pamphlet du temps, les Étrennes aux grisettes[4].

Le cinquième, Claude Tolozan d’Amarenthe, né le 15 juillet 1728, mort à Lyon en mars 1798, avait été conseiller-rapporteur au tribunal des maréchaux de France, puis était devenu, en 1767, introducteur des ambassadeurs (Hippeau, Paris et Versailles, p. 36). Il avait formé à Paris un riche cabinet de tableaux dont le catalogue a été publié après sa mort. Il habitait aussi l’hôtel de la rue du Grand-Chantier.

Nous avons réservé pour la fin le second fils d’Antoine, l’Intendant du commerce Jean-François Tolozan. Né à Lyon, comme ses frères, baptisé le 1er août 1722, il fit dans cette ville le commencement de sa carrière, d’abord comme Avocat général en la Cour des monnaies (1746), puis, la même année, comme Avocat du Roi en la juridiction des douanes. Laborieux et instruit, il était membre de l’Académie de Lyon (1753). Mais ce théâtre restreint ne suffisait pas à son activité. Il se transporta à Paris et acheta, en 1765, une charge de maître des requêtes. Dans les Almanach royaux, il est appelé tantôt Tolozan, tantôt de Tolozan, mais il semble s’être assez peu soucié de s’anoblir il ne prit pas de nom de terre, comme avaient fait ses frères. Il fut nommé Intendant du commerce par commission, en décembre 1776, et c’est à lui que Necker confia, en 1777, après la mort de Trudaine, le dépôt des papiers qui se trouvaient dans les bureaux de cet administrateur, ce qui semble indiquer tout à la fois que Tolozan était un homme de confiance et qu’il n’était pas dans les errements de Trudaine. Necker lui attribua aussi la Caisse du commerce, ce qui lui assignait dans une certaine mesure un rôle prépondérant entre ses collègues.

En 1780, Tolozan succéda à M. de Cotte comme « rapporteur au tribunal des maréchaux de France », tribunal qui réglait les affaires de point d’honneur « entre les gentilshommes et gens faisant profession des armes », et le pamphlet de Dulaure dit à ce propos que « pour

  1. Pamphlet précité.
  2. Catal. des Lyonnais.
  3. Voir, sur son rôle à Lyon au début de la Révolution, où il défendit habilement l’ancien régime, le livre de M. Wahl, passim
  4. Ce pamphlet, hardi et cynique, qui fit du bruit en 1790, est attribué par M.  Tuetey (t. I, no 1353), — cf. t. II, Introduction, p. xiii) à Roch Marcandier, secrétaire de Camille Desmoulins.