teur général. Ce rôle a été incontestablement des plus actifs. La brochure déjà citée rappelle, entre autres services rendus à l’industrie française, l’introduction d’une machine à carder : « Il fit d’abord venir à ses frais le sieur Hall, puis le sieur Milne, appelé du comté de Lancastre ; il fit faire à ce dernier deux de ces machines, dans l’atelier d’Oissel ; leur succès frappa M. Tolozan en 1779, lors de la visite qu’il fit de cet atelier, au point qu’il désira en avoir une pour le dépôt de l’administration… ».
Il semblerait aussi, du moins si l’on s’en rapporte aux documents officiels, qu’il eût introduit à Amiens, en 1773, les apprêts anglais. (Voir Arch. de la Somme, C. 319, « Lettre de M. Trudaine à M. d’Agay, Intendant, lui envoyant un mémoire des sieurs Flesselles et Price, entrepreneurs des nouveaux apprêts que M. Holker vient d’établir à Amiens à l’instar de ceux d’Angleterre… Paris, 4 mai 1773 ».) Mais nous verrons plus loin que Roland lui déniera âprement cette invention.
Quoi qu’il en soit, e 1777 (Tableau de Rouen), « M. Holker, chevalier de Saint-Louis, faubourg Saint-Sever », figure sur la liste des « personnes nobles ou vivant noblement » (p. 417). Il est associé de la Société royale d’agriculture (p. 433)[1]. Il a, à Rouen, la plus grande situation qu’on puisse concevoir, puisqu’en même temps qu’il a rang dans la noblesse et qu’il exerce ses fonctions d’inspecteur général des manufactures, il continue à diriger son industrie. Il n’y avait rien là d’absolument incompatible ; on voit souvent au XVIIIe siècle des fabricants qui sont en même temps inspecteurs du commerce ; mais Holker est, croyons-nous, le seul inspecteur général qui ait cumulé, et c’est peut-être à cause de lui que l’Instruction royale de 1781 (Dict. des manuf., I, 71* article 19) interdit expressément aux inspecteurs l’industrie et le commerce.
Il mourut le 27 avril 1786 (voir lettre de Madame Roland du 4 mai), et son fils, en raison de ses deux commissions de 1768 et de 1777, lui succéda, dans son titre et ses fonctions. Mais un arrêt du Conseil du 16 février 1788, sous le ministère de Brienne, ayant supprimé toutes les places d’inspecteur général des manufactures, Holker fils cessa ses fonctions le 1er avril suivant.
Nous ignorons la date de sa mort. Il laissait un fils, Jean-Jacques-Louis Holker, né à Rouen le 2 avril 1770, mort à Paris en 1844, en qui revécut le génie industriel de son grand-père. C’est lui qui, au commencement du XIXe siècle, découvrit « la combustion continue du soufre dans les chambres de plomb », procédé devenu classique. En 1810, il fonda une société à Paris pour l’exploitation de son procédé, qui porte son nom ; en 1813, il devint associé de MM. Chaptal et d’Arcet, puis gérant de leurs beaux établissements chimiques dans la banlieue de Paris. (Voir sur lui Girardin, Cours élémentaire de chimie, 3° édition ; — Précis de l’Académie de Rouen, 1851-1852 ; — Biographie des contemporains, 5e édition.)
Maintenant que nous connaissons bien le puissant et redoutable personnage auquel Roland ne craignait pas de se heurter, abordons l’histoire du conflit.
Il semble que Holker n’ait jamais été bienveillant pour Roland, bien qu’il lui ait reproché plus tard (Lettre d’un citoyen de Villefranche) de l’avoir protégé à ses débuts. Roland dans
- ↑ Il l’est déjà en 1768 (Alm. de Rouen).