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Appendice L.



LANTHENAS.

Lanthenas aussi serait intéressant à étudier, non pas seulement parce qu’il a été, pendant treize années au moins, le familier des Roland, mais encore en raison de son rôle dans la Révolution, dont il a été un des plus désintéressés serviteurs. Mais une monographie complète excéderait les limites d’un Appendice. Elle sera faite d’ailleurs, nous l’espérons, par M. Ernest Vissaguet, qui a déjà tracé, dans une revue provinciale, publiée au pays même de Lanthenas, une très solide esquisse du sujet[1]. Nous ne nous attacherons donc ici qu’à bien marquer les rapports de Lanthenas avec les Roland, en ne prenant dans les autres traits de sa vie, que ce qui sera vraiment nécessaire pour compléter l’ensemble du tableau.


§ 1er. Sa Jeunesse.

François-Xavier Lanthenas est né au Puy, le 18 avril 1754[2]. Son père, Joseph Lanthenas, âgé alors d’environ 47 ans, était marchand cirier. François était le dernier de douze enfants, dont la plupart durent mourir jeunes, car nous n’en rencontrons plus tard, dans les lettres de lui qui subsistent[3], que deux seulement, Jean-Antoine, son frère aîné, qui lui servit de parrain, et une sœur, mariée au Monastier.

Il fit ses études au collège du Puy, dirigé, depuis l’expulsion des Jésuites, par des séculiers. Mais ces études durent être bien médiocres, si l’on en juge par son lamentable style. En tout cas, elles se prolongèrent peu, car, avant qu’il eût accompli ses seize ans, au commencement de 1770, on le mit en apprentissage dans une maison de commerce de Lyon[4]. Apprentissage des plus rudes : son père ne lui servait que 800 livres de pension, et il était tenu, après avoir passé sa journée au maniement des marchandises, à suivre le soir des cours d’écriture, de change, d’allemand, d’italien et d’anglais. En 1774, son noviciat terminé, il fut commis chez MM. Huicque et Bouvard, qui ne tardèrent pas à le faire voyager d’abord en Allemagne et en Hollande, puis en Italie, où on le chargeait de chercher des débouchés non seulement pour les soieries de Lyon, mais aussi pour

  1. Velay Revue, nos du 1er décembre 1900 au 1er février 1901.
  2. Archives municipales du Puy. E. 56, fol. 104,v°.
  3. Aux deux séries des Papiers Roland, dans la collection Alfred Morrison, etc.
  4. Pour tous ces détails de la jeunesse de Lanthenas, nous avons pour guide un érudit distingué, M. Paul Le Blanc, qui, dans ses Variétés historiques et biographiques (Auvergne et Velay), Le Puy, 1885, lui a consacré un chapitre (p. 32-41). M. Paul Le Blanc a eu des notes de la famille et en a recueilli la tradition orale.