avec les Roland un voyage de six semaines en Angleterre, et en s’arrêtant encore à Amiens au retour (voir Avertissement de l’année 1784 et lettre 159). C’est le 13 septembre 1784 qu’il fut reçu docteur dans cette Université dont la complaisance était légendaire. Sa thèse, écrite en latin suivant l’usage du temps, avait pour sujet : « Les causes éloignées de toutes les maladies, et le plus souvent même leurs causes prochaines doivent être imputées à l’éducation ». C’est un mélange de considérations de morale et d’hygiène, où l’influence de Rousseau apparaît à chaque page.
Le moment était venu de s’établir. Le vieux marchand du Puy réclamait son fils avec instances et menaçait d’ailleurs de lui couper les vivres. Lanthenas, sans s’émouvoir, commença par venir rejoindre à Paris les Roland, qui quittaient alors la Picardie pour le Beaujolais ; le 23 septembre, il était avec eux à Longpont, puis il rentrait à Paris, puis enfin arrivait au Clos en octobre, et y demeurait trois semaines. Le 1er novembre, il écrivait a Bosc, de Villefranche : « Je quitte nos amis après-demain matin ; je passerai deux jours à Lyon, et j’en partirai, j’espère, jeudi [4 novembre], pour être au Puy samedi 6 novembre ». (Collection Morrison.) En réalité, il n’y arriva guère que du 8 au 9 décembre. « Je suis ici depuis quinzaine », écrivait-il, du Puy, à Bosc, le 24 décembre. Encore un mois de retard. Il musait en route avec délices.
Trois lettres à Bosc, de la collection Morrison, qu’a publiées M. Vissaguet, nous le montrent se morfondant au Puy durant près d’une année, traité en mineur (à trente ans passés) par ses vieux parents et son frère aîné, agitant les projets les plus divers : tantôt il songe à passer en Amérique (où il n’avait pas cessé de correspondre), tantôt il parle d’entrer dans les bureaux du fermier général Tronchin, qu’il connaissait déjà en 1784 (voir lettre 105). En attendant, il s’occupe vaguement d’histoire naturelle, recueillant des lichens pour Bosc, allant chercher des grenats au riou Pezouillou (ruisseau voisin du Puy), explorant la grotte de Saint-Vidal, etc… Les lettres de Roland à Bosc, de la même collection Morrison, dépeignent bien la situation du pauvre docteur au milieu des siens :
16 janvier 1785. — Il n’est pas aussi aisé que vous le pensez au bon et sensible Lanthenas de prendre le parti que vous dites [rompre et retourner à Paris]. Il y a bien des ménagements à prendre, de terribles préjugés, non à vaincre, cela n’est pas possible, il serait au moins inutile d’y travailler, mais à ménager. Puis le père est fort vieux ; la mère l’aime beaucoup ; il faut rester pour tirer parti des circonstances ; puis on s’habitue, on s’identifie (sic) ; on fait quelque chose, quoi que ce soit, ou l’on ne fait rien ; finalement, on reste, à moins que de grands intérêts ne viennent fortement ébranler, ce qui n’arrive guère aux trempes très douces, que l’ambition n’agite pas.
14 février. — Le pauvre Lanthenas est dans le chagrin, son abominable frère tourne la tête au vieillard, de qui le coffre est d’autant meilleur qua sa tête s’en va à vau-l’eau. Nous faisons l’impossible pour le soutenir, le consoler, l’encourager à prendre patience…
Lanthenas finit par obtenir de ses vieux parents la permission de quitter Le Puy, pour aller s’établir ailleurs, sans doute en conservant la pension qu’ils lui avaient servie jusque-là. Madame Roland écrit à Bosc le 2 août 1785 : « Eh bien, le pauvre Lanthenas est donc