commencer la publication régulière du journal, et presque aussitôt (no du 12 août 1789) nous y trouvons deux lettres de Madame Roland (323, 324). Ses amis les plus particuliers, Lanthenas, Bosc, font partie de la rédaction habituelle du journal ; on y annonce, on y analyse avec complaisance les brochures politiques de son mari ; on y publie de nombreuses correspondances de Lyon, qui, lorsqu’elles ne sont pas des Roland, semblent faites par leurs amis, sous leur inspiration. Nous ne pouvons que renvoyer au dépouillement que nous avons donné, dans la Révolution française de mai 1898, des articles du Patriote français émanant des Roland et de leur groupe. Cette longue nomenclature, bien qu’encore incomplète, établit pleinement cette incessante collaboration, déjà signalée d’ailleurs par les historiens du journalisme français. Au reste, Madame Roland nous l’apprend elle-même, dans le cahier inédit de ses Mémoires que nous avons cité : « Brissot fit beaucoup d’écrits du moment, qui nous étaient tous envoyés, et commença son journal, et nous lui communiquions toutes nos idées. Chargée ordinairement de la correspondance, je trouvais cette tâche d’autant plus agréable dans les circonstances ; mes lettres, faites avec feu, plaisaient assez à Brissot, qui souvent en composait quelques morceaux dans son journal, où je les retrouvais avec plaisir[1]. Ces communications, devenues fréquentes, nous lièrent d’amitié… ». Toute la Correspondance des années 1790 et 1791 que nous publions atteste que ces lettres arrivaient à Brissot tantôt directement, tantôt par Bosc ou Lanthenas, ou plutôt par tous les deux à la fois, car elles leur étaient alors presque toujours communes.
C’est au cours de l’année 1790 que Brissot, qui rêva toute sa vie de créer pour sa famille, soit en Amérique, soit en France, un établissement plus sûr et paisible que son métier de publiciste, parla d’entrer dans la combinaison que nous avons déjà exposée à propos de Bosc et de Lanthenas, l’achat d’un des domaines ecclésiastiques alors mis en vente, pour y faire en commun de l’agriculture, de l’imprimerie, etc. Nous avons dit qu’il rédigea même les statuts de l’association projetée. Bancal des Issarts, un des collaborateurs du Patriote français de la première heure, et que Lanthenas venait de mettre en rapports avec les Roland (juin 1790), s’était rendu au Clos, à la fin d’août, avec ce même Lanthenas, pour traiter de l’affaire. Brissot leur y adressa deux lettres : l’une du 6 septembre[2], qui se termine ainsi : … « Ma petite vous fait ses amitiés. Faites les miennes à M. et Mme de La Platière, que je désire bien voir. Amitiés aussi à M. Pigott[3], que je crois maintenant avec vous. J’ai eu aussi une lettre de Valady. Il habite Villefranche[4]. Dites-lui mille choses… Tout à
- ↑ Voir particulièrement les lettres 323, 324, 328, 421, 429 et les notes que nous y avons jointes. Mais il y en avait un plus grand nombre, que M. de Montrol avait entre les mains en 1835 et qu’il communiqua alors à Sainte-Beuve.
- ↑ Ms. 9534, fol. 350.
- ↑ Voir lettre 373.
- ↑ Valady, qui avait fondé avec Brissot la Société des Amis des noirs en 1788 et qui était un des familiers de sa maison, se trouvait alors à Villefranche-de-Rouergue. Brissot savait mal la géographie, — ou était singulièrement distrait.