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que, « chargé de délibérations de l’Assemblée »[1], il revint trouver le Comité qui lui vota des remerciements. (Tuetey, I, 255, 257).

Le 16, le Comité permanent, dont Lafayette était venu prendre la présidence en le renforçant de sept membres de l’Assemblée nationale, ordonna la démolition de la Bastille et nomma, pour veiller à l’approvisionnement de la grande ville, un Comité des subsistances dont Bancal fit partie. (Robiquet, p. 29) Tâche très lourde, plus lourde que jamais aux jours ou l’émeute peut naître de la disette et la disette de l’émeute. Le 17, Bancal est des vingt-cinq Électeurs chargés d’accompagner Bailly au-devant de Louis XVI..

Le même jour, Lanthenas lui écrivait une lettre (ms. 9534, fol. 218-219) qui nous révèle diverses particularités : 1e que les deux amis étaient ensemble à l’Hôtel de Ville dans la soirée du 14, au moment où Bancal en sortait pour sa mission de Versailles, tandis que la foule arrachait Flesselles de la salle du Comité et le traînait dans la grande salle ; 2e que Lanthenas, dans toutes les journées des 15 et 16 ne put parvenir à rejoindre Bancal à l’Hôtel de Ville. Là, comme toujours, son mauvais sort le laissait en arrière ; 3e qu’il se préoccupait déjà d’être élu à cette Commune dont la création ne devait cependant être votée que le lendemain, et qu’il était candidat dans son district de Saint-Jacques-l’Hôpital.

Les élections pour la commune parisienne se firent rapidement ; Bancal ne fut élu ni dans son ancien district de Saint-Eustache, ni dans son nouveau district des Carmes où il était trop peu connu ; Lanthenas ne fut pas élu davantage. En revanche, leur ami Brissot entrait dans la nouvelle assemblée, dite des Cent-Vingt[2], qui commença à siéger dès le 25 juillet et remplaça définitivement, le 30, l’assemblée des Électeurs. Elle maintint d’ailleurs les divers Comités qu’ils avaient institués et particulièrement le Comité des subsistances où Bancal continua à siéger. Il y était encore le 18 août. (Tuetey, t. I, n° 3186.)


§ 2. Bancal au Patriote français.

Après avoir été ainsi au premier rang des Électeurs de 1789 et des vainqueurs du 14 juillet, Bancal se retrouvait au second plan. Mais il resta un des lieutenants les plus actifs de Brissot, dont le Patriote français, plusieurs fois annoncé et retardé, venait enfin de paraître (28 juillet). Brissot ayant proposé, le 12 août, à l’assemblée des Cent-quatre-vingt, un plan d’organisation de la future municipalité de Paris, Bancal publia, le 3 septembre, une brochure intitulée : « Arrêtés proposés au comité de la municipalité du district des Carmes, par M. Desissarts, membre de ce comité ». (Tourneux, 7034.) « Il prétendait bien ne pas se laisser oublier ; déjà, le 26 août (voir Patriote du 1er septembre), il écrivait à Brissot pour rappeler qu’il avait réclamé, dès le 20 avril, « avant Mirabeau », le droit de réunion et qu’il contestait à l’Assemblée nationale le droit de faire une Constitution. Elle

  1. Coll. Picot, laissez-passer délivré à Bancal et à Gandilh, signé de Lafayette et de Lally Tollendal.
  2. Qui devint, le 5 août, l’Assemblée des Cent-quatre-vingt, dont fit partie le vieux notaire Bro, l’ami et le parent de Bancal, et qui fut remplacée, le 18 septembre, par l’Assemblée des Trois-cents.