Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/236

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peuvent être le résultat sincère de la première impression qu’aura faite sur un homme aussi paresseux que spirituel la lecture rapide d’un ouvrage où l’éparpillement des matières ne laisse pas apercevoir d’abord toutes les causes par lesquelles on est intéressé.

Je m’arrête à ce sentiment ; il faut bien s’arrêter à quelque chose, à l’égard de ceux sur le compte desquels on aime à savoir à quoi s’en tenir.

Il sera plus difficile, ou plutôt plus aisé, de juger l’entortillage que j’attends de M. de Crne [Couronne]. Ce seront des phrases vraiment immortelles, dont on ne trouve pas la fin et qui se perdent admirablement dans le vague. Pour Aristote, je le tiens bien jugé par M. B[aillière] et par les amies ; il a autant l’air d’un jaloux à la piste, dans les choses qu’il te relève, que M. B[aiïlière] paraît flatteur dans les bagatelles qu’il se borne à critiquer. L’application de : Aimez-vous la muscade ? etc., m’a paru plaisante ; ce sera l’idée ou, du moins, le sentiment de tout lecteur, et je parierais bien que M. de Sr-Vctr [Victor][1] n’a fait l’éloge sans goût des citations italiennes, indistinctement, que par rapport au Cousin qui aura dit son mot. À tout prendre, rien n’est si vrai que ce que nous avons déjà trop senti, que ce cher Avocat du roi, avec sa bonne volonté et tout son travail, t’a impitoyablement gâté. Avis, comme tu dis fort bien, pour une autre édition ; en attendant, amusons-nous des dictons.

Je n’en apprends plus guère de nos Palus-Méotides, car il n’est plus fête, et chacun se tient dans sa bourbe ; il s’ensuit que je ne saurais te mander actuellement des nouvelles que le lundi ; ce jour passé, je n’en apprends plus, et j’oublie celles recueillies le dimanche.

Le fils Price est venu plusieurs fois en informations de santé, etc. ; ennuyée de son baragouinage, je viens d’avertir que dorénavant on lui donnât de mes nouvelles en bas, sans le faire monter.

  1. M. Robert de Saint-Victor, Président en la Chambre des comptes de Normandie, membre de l’Académie de Rouen (Alm. de Normandie, 1788). À la vente d’autographes du 21 janvier 1856 (Laverdet, expert) à figuré une lettre de lui à Bosc (Rouen, an ix), où il dit avoir été commensal (?) de Roland au temps où celui-ci habitait Rouen.