de restaurants. Sa fille est toujours maigre et pâle à l’excès, avec un air fané que la toilette n’efface pas ; assurément il lui faut un mari, sous peine de paraître souffrir de la privation. On a dit, comme tu peux croire, beaucoup de choses honnêtes : on a observé qu’on ne faisait pas de visites et qu’on allait voir seulement une ou deux personnes telles que Mme d’E[u] et moi ; mais, comme Mme de Chg. [Chuignes] n’est pas très fine dans les affaires où elle n’a point d’intérêt, elle s’est vendue à demi, et je soupçonne sa visite une simple réminiscence due au hasard. Elle venait de chez Mme d’E[u], qu’elle croyait disposée à venir souper chez les grands parents ; et Mme d’E[u] n’y va pas aujourd’hui ; donc, etc. Tu sens parfaitement que cela ne m’a pas été raconté ; je l’ai attrapé à travers les branches et à la volée. C’est toujours bon à saisir pour apprécier les gens ; on rend ce qu’on doit en apparence, et l’on ne se charge pas d’obligations pour le reste qui se réduit à rien, ou peu de chose.
Je m’étonne davantage que tu aies lu les marches[1] en question que de la perte de l’esprit de celui qui les a tracées ; car il ne doit pas être difficile de perdre le peu de facultés qu’il faut pour cela ; mais il ne me paraît point aisé que tu aies trouvé le temps de lire pareille production. Il faut être à Paris pour avoir ce courage.
Tu ne dis mot de M. Demachy[2] ; ne l’as-tu pas vu ? C’est peut-être ton confrère : que sait-on ! Le caprice des rois a fait des choses plus étonnantes et moins justes.
Je ne me rappelais pas bien que le premier entortillage de M. de Cne [Couronne] avait été précisément à l’occasion de l’ouvrage ; tu m’en fais souvenir, et je crois aussi qu’il s’en tiendra là.
J’ai vu Dolin, qui désirerait fort que ses appointements fussent
- ↑ Nous ne savons ce que cela signifie.
- ↑ Roland écrira, quelques jours après (lettre des 27 janvier, ms. 6240, fol. 149-150, et 28 janvier, ibid., fol. 137), qu’il est allé dîner chez M. Demachy, qui lui a fait amitié. On voit que M. Demachy était associé de l’Académie de Berlin et que Madame Roland espérait toujours dans le succès de l’épître rédigée par elle pour le roi de Prusse, à l’effet d’obtenir ce titre pour son mari. — Voir plus haut, lettre du 18 novembre 1781.