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tripot ; allons au Clos cultiver des carottes et faire les vendanges ; nous formerons là une petite Sophie, si elle nous reste, et nous respirerons un air pur.

Je t’embrasse de tout mon cœur.


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À ROLAND, À PARIS[1].
Jeudi au soir, 7 février 1782, — [d’Amiens].

Tu as bien raison, toi-même, mon bon ami, de me faire apercevoir de mes omissions ; j’avais l’idée vague d’avoir écrit en dernier lieu à Mlle de la B. [Bcloiize]. Je ne me souvenais plus que c’était précisément à la veille de ma maladie. Je t’envoie une petite missive qui, sans doute, d’après ce que tu me dis, te parviendra encore à temps. J’en ai d’autres en route, je t’ai écrit presque tous ces jours-ci ; et, si tu n’as pas été au bureau, tu en trouveras plusieurs samedi. Je ne t’en adresserai plus aucune, ni par cette voie, ni directement, sauf l’extraordinaire de quelque circonstance, et j’attendrai maintenant à te faire mes contes que tu puisses les entendre de tes oreilles. Cependant il y a encore loin d’ici là ; car ton départ du mardi ne doit me donner le plaisir de t’embrasser que le lendemain au soir. Je pourrais bien m’ennuyer d’être cinq jours sans te rien dire ; en t’écrivant après-demain, tu prendrais encore ma lettre au bureau, dans tes courses, le lundi ou le mardi, ou tu la laisserais : ainsi je ne réponds de rien.

Tu fais sagement de laisser des affaires qui ne veulent point aller ; il est bon d’apprécier assez celles en question, pour s’en procurer l’objet s’il est possible, et s’en passer sans regret s’il en est autrement. J’ai dèjà souvent dit à moi-même que si celle-là ne réussissait pas, de même que si la place à Paris n’arrivait point, il n’y aurait rien d’étonnant ni de bien fâcheux ; dans un siècle où les intrigante seuls peuvent se

  1. Ms. 9533, fol. 84.