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[À ROLAND, À CRESPY[1].]
[Vendredi 16 août et samedi 17 août 1782, — d’Amiens.]

… et je ne sais plus par quelle voie leur écrire. Tu as fait merveilleusement près de mon bon oncle, je suis sûre que ton invitation lui aura fait grand plaisir, et elle m’en fait aussi. Ce Longponien viendra-t-il enfin ? Il n’en finit point : ce sont toujours promesses et rien au bout.

Ton secrétaire a mis bas le collet noir, il a rangé ses cheveux en queue : ce n’est plus le petit abbé, c’est M. Delabarre ; un peu bossu, ou bancroche, je ne sais lequel des deux ; mais au moyen d’une table plus basse que je lui ai achetée, il n’a plus besoin d’un gros Xénophon pour se rehausser sur sa chaise.

Je voulais qu’il vînt le dimanche ; mais sa mère, chez laquelle il demeure, trouve que cela dérange pour les offices : « Elle tient beaucoup à cela, dit-il sans gêne, et je ne veux pas la chagriner. » En conséquence, il vient les autres jours un peu plus matin qu’il ne faisait d’abord.

M. d’Antic m’écrit, le cœur tout gros de votre départ ; il a si bien l’air de t’aimer, que je l’aime aussi par suite. Mais je ne puis, moi, cueillir de Morsus ranæ ; il faudra bien que vous preniez la peine de le chercher ; quant au soin de le dessécher, je m’en charge.

J’ai dîné et soupé chez Mme d’Eu le même jour, mais en revenant au logis dans l’intervalle, et dispensée de faire compagnie, ne paraissant qu’aux heures des repas. M. Case[2] était au dîner ; quoi qu’en disent

  1. Ms. 6238, fol. 244. — La date est dans le corps de la lettre. Le commencement manque. — Roland venait de quitter Paris, accompagné de Lanthenas, pour rentrer à Amiens, mais en s’arrêtant chez son frère, à Crespy, et en faisant ensuite une tournée.
  2. Probablement le chevalier de Caze, maître des Requêtes. — Voir lettre du 20 novembre 1781.