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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/356

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faire sortir ma fille. C’est toi que je charge de mes amitiés pour M. d’Antic à qui j’envoie aujourd’hui mes dépêches toutes nues, sans un petit mot pour lui ; autres amitiés au camarade ; je t’embrasse de tout mon cœur.


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[À ROLAND, À PARIS[1].]

Dimanche, 24 [août 1783, — d’Amiens].

Je n’avais pas dessein d’écrire aujourd’hui, parce que je ne me suis levée qu’à neuf heures, que j’en ai passé une à raisonner avec Limozin[2] sur des corrections à faire à un dessin qu’il vient de finir, qu’il faut sortir ce matin, etc. Mais je reçois la ci-jointe de M. Flesselles et je te la fais passer avec celle qui y a donné lieu. J’ai eu hier la visite du sieur Martin[3] avec son honnête beau-frère ; je compte le charger de trois dessins achevés, payés, quittancés, que tu joindras à ceux que tu avais emportés. Ta petite causerie m’a fait grand bien ; je suis bien aise d’Agathe, de M. Le Riche, etc. J’ai fait un grand « hélas ! » à la nouvelle que m’a donnée M. d’Antic, à qui je ne dis rien pour être trop pressée, mais que je te charge de dédommager, si tant est que cela vaille un dédommagement.

Je fais le diable à quatre dans ma maison et, comme je ne suis pas trop diable naturellement, cela me fatigue et me déplaît beaucoup ; mais je crois que ma cuisinière fait danser l’anse du panier, et je suis d’une colère épouvantable.

Tu me diras si tu veux faire faire quelque chose au dessinateur,

  1. Ms. 6238, fol. 249. — Une note, d’écriture ancienne, dit « probablement août 83 ». C’est fort vraisemblable, car le 24 août 1783 tombe un dimanche.
  2. Voir lettre du 8 août 1782.
  3. Sans doute Jacques-François Martin, frère utérin de Delamorlière, qui avait apporté en France la machine d’Arkwright et qui s’associa à Flesselles et aux frères Lamy, en 1784, pour l’exploiter à Amiens (voir Dict des manuf., II, 309-312, et Biogr. de la Somme, « article K.-B.-J. Delamorlière ». Cf. Maiseau, Hist. de la filature du coton, p. 112.)