soulager les malheureux qui font ses soins les plus chers ; dialogue du prélat avec l’administrateur chargé de ses aumônes, un mot de l’ancien évêque[1], adroit éloge des deux. En traversant cette jolie ville où les fabriques et le commerce répandent de toutes parte l’activité, l’aisance, où leur réunion donne un air de vie qui charme, on rencontre l’homme respectable chargé de la recette des tailles[2] ; portrait avantageux de son digne caractère… Je voulais l’embrasser, la fie m’arrête : « Sois persuadé, me dit-elle, qu’il n’est pas ton ennemi et que tu trouveras l’occasion de rendre publiquement l’hommage que tout cœur honnête doit à ses vertus, » (Tu te souviens de l’épigramme de Sélis contre Houzé en toutes lettres, épigramme insérée dans l’Almanach des Muses, il y a quelques années, et qui a fait grand bruit.) Toute l’assemblée a singulièrement applaudi à cette réparation que l’adroit Sélis a su rendre digne et touchante ; j’en ai été émue, je l’ai trouvée noble et heureuse. On rencontre encore une famille en deuil, celle de Démery, qui donne lieu à un épisode sur la mort de son fils ; de là à l’Intendance, éloge du bâtiment, du magistrat homme de lettres, du discours, etc. ; tout cela aussi adroit qu’il était possible. Enfin il se trouve, au milieu de ces choses, une petite oraison funèbre bien frappée, bien sensible, d’une personne que Sélis a aimée et qui est morte jeune ; comme les gens de mérite revêtent en partie du leur les personnes qu’ils chérissent, le portrait de son amie donne l’idée d’un diminutif de Cléobuline[3]. Il ne fallait pas laisser le public sur ce morceau tragique ; la fée entraîne son protégé à la Hautoie[4] ; description enchanteresse ; résultat total, l’homme de quarante ans avoue que lui seul a changé, et, dans cet heureux pays où il a passé ses belles années, il retrouve les mêmes agréments. Le collège, sa chartreuse[5], ses anciens compagnons et
- ↑ Louis-François-Gabriel d’Orléans de la Motte, évêque d’Amiens de 1733 à 1774.
- ↑ Houzé (voir lettre du 25 juillet 1781).
- ↑ Celle des demoiselles Malortie que Roland avait aimé et qui était morte. — Voir Appendice D.
- ↑ Beau parc public au N.E. d’Amiens.
- ↑ C’est-à-dire sa petite chambre de professeur, chambre sans feu, comme celle du collège de Louis-le-Grand que Gresset a chanté. — Voir à l’Inventaire de la Somme, B. 383, la requête de Delille, alors collègue de Sélis à Amiens, qui, atteint de