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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/383

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viendra voir sa machine dont on a causé dernièrement chez Mme de Polignac.

L’ami d’Antic croit qu’il pourrait me donner quelque accès chez cette dame par Faujas[1]. Mais j’ai les bras liés jusqu’à ce que j’aie vu Mme d’Arbouville ; j’attends réponse de l’abbé Gloutier[2]. Quant à l’affaire de Rouen, Flesselles ne perd rien de vue ; on n’a pu encore protester, puisque le billet n’est échu que du 20 ; on lui écrivait à cette occasion qu’il faudrait le contrôler ; il a répondu que le billet n’était point dans le cas, et il évitera ces frais qui sont considérables. Le rouge d’Andrinople est un secret[3]. J’ai été hier fort contente de la santé de Flesselles ; la tête et l’estomac sont dégagés. Je fais le petit souper avec le frère qui m’a donné tout son petit ménage ; je suis logée au plus bel appartement du second.

M. d’Antic père est toujours malade assez gravement ; toute sa famille est dans la tristesse et l’abattement. Son fils me vient faire une visite tous les jours ; il m’avait apporté des olives aux câpres dont malheureusement mon estomac ne veut pas s’accommoder ; il voulait que j’allasse dîner avec sa sœur[4], mais il ne m’a point encore été possible d’aller seulement la voir ; d’ailleurs, l’état du père doit donner de l’embarras autant que du chagrin dans cette maison.

J’ai reçu une lettre du Longponien ; je lui écrirai sous peu de jours.

Je ne m’endormirai sur rien et je crois que je ne serai pas muette non plus. Flesselles est ardent comme d’autres que nous ne pourraient guère le croire, tant c’est rare pour autrui. Il m’a dit qu’au cas de besoin de ma part et d’absence de la sienne, il s’était arrangé avec

  1. Faujas de Saint-Fond, le célèbre géologue (1741-1819), était alors adjoint naturaliste au Jardin du Roi. On voit qu’il était déjà lié avec Bosc. Au début de la Révolution, nous le trouvons en étroite amitié avec lui, Lanthenas et Bancal des Issarts.
  2. L’abbé Gloutier, auquel Roland était recommandé par Cousin-Despréaux (voir lettre du 22 mars 1784), était, dans la maison d’Arbouville, sur le pied d’un ami familier, précepteur ou aumônier.
  3. Procédé de teinture, importé du Levant, et bien connu aujourd’hui.
  4. Sophie d’Antic, sœur cadette de Bosc. Nous la retrouverons plus loin. — Voir Appendice K.