dans cette partie de la journée ; mais l’ami d’Antic, témoin des regrets que je donnais à mon clavecin, m’a fait apporter un forte-piano ; j’en ai l’affolé tout le reste du jour ; je ne savais me coucher et je n’ai plus fait rien autre que de me rappeler ce que je me suis trouvée avoir oublié. Si je devais rester ici longtemps, je te demanderais une symphonie de Lemans[1] que j’aime beaucoup, qui est copiée à la main et qu’on peut envoyer dans une lettre. Mais pourquoi ne me l’enverrais-tu pas ? Je n’ai point assez de loisir pour étudier du nouveau ; ce que je puis faire de mieux est de rapprendre ce que je savais, parce que j’en viens à bout bien plus tôt. Le frère m’a conduite hier chez un chevalier de l’ancienne cour qui a des relations avec la maison d’Orléans, qui connaît Mme de Montesson[2], etc. Comme tu es du Beaujolais qui[3]… Tu m’entends : on peut faire de cela une raison pour intéresser et se faire une protection. Malheureusement ; notre chevalier a quatre-vingt-deux ans, conte comme Nestor et ne va pas plus vite en besogne ; tout Orléans est au Raincy et n’en revient que dans trois semaines ; mais il y a ici un secrétaire des commandements de Son Altesse ; le chevalier doit voir ce secrétaire, et je n’en négligerai pas la connaissance.
J’ai été aussi hier chez M. de Gallande ; je lui ai dit que j’étais la femme de l’inspecteur d’Amiens, qui n’avait pas l’honneur de lui être personnellement connu, mais qui avait eu celui de lui adresser ses ouvrages ; que l’objet de ma visite était de le prévenir que, devant t’adresser peut-être dans peu à M. de Calonne pour réclamer une grâce, et ce ministre devant sans doute recueillir le témoignage de Messieurs les Intendants du commerce sur ton zèle et ton service, je le priais, d’après ces ouvrages, les seuls titres qui lui fussent connus, de joindre ses suffrages à ceux de Messieurs ses confrères. « Il pense, je crois, à se retirer, M. de Laplt. [Laplatière] ? » — « Oui, Monsieur, il travaille depuis tant d’années, etc… il a l’avantage d’être né, etc…,