Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/456

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n’avoir pas demandé une copie de cette fameuse lettre ; j’ai écrit en conséquence à Cott. [Cottereau], qui m’a fait répondre qu’il viendrait me voir demain matin. Sur-le-champ, j’ai fait à l’abbé Gloutier une lettre qui, je le compte bien, fera regretter à Mme d’Arb[ouville] de m’avoir donné lieu de craindre que je l’eusse impatientée ; elle est susceptible de ce regret et je saurai bien en tirer avantage. Je me suis transportée chez Mlle de la Bl. [Belouze], à qui je devais bon compte de ce qui s’était passé, et, par son avis, j’ai été aussitôt me faire écrire chez les Intendants du commerce, que je verrai ensuite à leur audience ; mais j’ai oublié M. de Vin. Je me suis aussi inscrite pour Mme d’Agay, au mari de laquelle je ne dirai rien. Au reste, ils partent dans huit jours : ce sera un hasard si je les vois ici. Je crois que tu ne ferais pas mal d’écrire à Mlle de la Bl. [Belouze], aux conseils de laquelle j’ai tout attribué, et non sans raison à plusieurs égards. J’ai vu M. Rouss[eau] qui m’a dit de belles choses de M. de Mt [Montaran] sur mon compte. On rapporte demain la terrible affaire[1]. J’oubliais de te dire que je suis vite allée chez D. Blanc[2] ; il était à dîner et ne s’est pas dérangé pour moi ; je lui ai écrit, de la loge du suisse, que l’intérêt qu’il mettait à t’obliger me faisait une obligation de lui apprendre que l’affaire avait eu un plein succès auprès de M. de Calonne, etc. ; qu’on ne saurait faire intervenir Son Altesse[3] dans une cause plus juste et mieux présentée ; que c’était le cas d’une recommandation à M. de Vergennes, etc. Je vais demain, avant sept heures, chez les Vaudreuil et de Mouchy, pour faire diriger des recommandations là-haut ; j’at-

  1. Un gros procès où M. de Montaran était engagé (voir, plus loin, lettre du 28 avril 1784). Il y a aux Papiers Roland, ms. 6241, fol. 235, une lettre de Roland à M. de Montaran où il le félicite « du gain de son procès ». Cette lettre est datée d’Amiens, 23 mai 1781. Mais il faut évidemment lire 1784, si l’on se reporte à la lettre de Madame Roland à son mari, du 21 mai 1784 : « C’est toi qui m’apprends le gain du procès de M. de Montaran ». — Voir aussi lettre du 23 mai 1784.
  2. Dom Blanc, bénédictin, procureur de Saint-Martin-des-Champs, à Paris, — compatriote de Lanthenas (voir lettre de Roland, du 5 mai 1784, ms. 6240, fol. 225-226). — Roland écrit à sa femme, le 3 mai 1784 (ibid, fol. 222-224) : « Il est le factotum de l’abbé de Saint-Far, qui a un grand crédit sur l’esprit de son père, le duc d’Orléans. »
  3. Le duc d’Orléans.