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à Ermenonville dimanche prochain ; ils seront absents deux jours ; ainsi ne m’adresse rien par lui samedi et dimanche. Tu sais mes raisons pour ne pas être de la partie : 1° préférence fort naturelle de la faire avec toi ; 2° affaires qui pourraient se remettre à la rigueur, mais qu’il est mieux de suivre et de vider pour te rejoindre plus vite.


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À ROLAND, À AMIENS[1].
[ De 10 au 15 mai 1784, — de Paris.]

Je te contais, dans ma lettre perdue, ma visite chez Mme  d’Arbouville, la réparation faite comme je m’y attendais et comme je l’avais amenée, le tout sans mot dire et se sentant fort bien. Mais nous causerons de cela et d’autres choses, s’il m’en souvient, car dans ce tourbillon de petites misères il en échappe beaucoup, et c’est ce qui me fait regretter les lacunes d’une correspondance suivie. Que fait Eudora ? Couper des jarretières, appeler les passants, manger comme un petit loup, courir et crier, caresser son papa, prononcer maman quand tu le lui rappelles : voilà sa vie, n’est-ce pas ? Adieu.

J’envoie les notes par les bureaux.


P.-S. de Lanthenas :

J’ai appris hier de M. Desrosières [ Pilâtre de Rozier], qui vous dit mille et mille choses, que M. Court de Gébelin est mort entre les mains de Mesmer[2].

  1. Ms. 6239, fol. 99. — Dans le post-scriptum de cette lettre, que nous donnons ci-dessous, Lanthenas annonce à Roland la mort de Court de Gébelin (10 mai 1784), et Roland lui répond, le 17 mai (ms. 6240, fol. 244-245), en lui faisant connaître la cause de cette mort. Cela nous donne la date approximative de cette lettre.
  2. Et Roland répondait à sa femme, le 17 mai : « Dis à l’ami Lanthenas que Court était vérolé jusqu’aux os ; que Mesmer lui avait dit que s’il remordait à la grappe, il en crèverait incessamment : que, se sentant des forces, il y est retourné et qu’il en est crevé ; que tout cela, prévu, prédit, peut se dire maintenant que l’homme est mort, mais que la doctrine n’en doit rien souffrir… »