La partie d’Ermenonville se dénoue ; je doute que je la fasse plus tard, car te joindre après avoir fini, et le plus tôt possible, est ce que j’ambitionne toujours davantage. Je péterais comme un mousquet, s’il fallait encore mener longtemps cette vie loin de toi. Ménage-toi bien, mon cher et tendre ami. Et notre Eudora ! Adieu, je t’embrasse de toute mon âme et de toutes les affections de mon être.
Si ce n’était souvent une folie que de juger avant l’événement, je croirais que tu seras envoyé à Lyon. J’ai vu M. de V[in] qui malheureusement, après M. Bld. [Blondel], est celui des Intendants que j’aime le moins : ce peut être préjugé fondé sur sa froideur et sa figure peu avantageuse ; mais il est nouveau, il te sait de l’instruction, de l’expérience ; en le prenant bien, ce qui te coûtera peu, tu pourras te mettre avec lui à des termes beaucoup meilleurs que ceux où tu es avec M. Bl. [Blondel]. M. de V[in] m’a fort demandé si tu connaissais déjà ce département ; nous avons causé assez longuement : il est trop froid, trop neuf pour oser s’écarter des formes ; il s’est tenu à dire qu’il s’en entretiendrait avec les autres, qu’il fallait que M. B[londel] le voulût et que, si tu y passais, vous concourriez ensemble au bien général, avec zèle de sa part et désir de connaître ; qu’il avait encore peu d’idées, etc. À tout prendre, il est assez modeste ; tu n auras qu’à ménager l’amour-propre caché, en l’instruisant sans avoir l’air de croire qu’il ne sache pas encore, et bientôt il te jugera, il te sentira nécessaire. J’ai été trouver M. Valioud à qui M. Tol[ozan] avait dit ce matin qu’il avait parlé hier, qu’on avait élevé quelques difficultés, mais qu’il croyait que ma demande serait agréée. J’ai été voir M. Rouss[eauJ dont j’ai appris que
- ↑ Ms. 6239, 113-116.