Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/534

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rables ; que ce motif l’engageait à ne pas trop se presser de présenter celle de M. de Laplatière, parce qu’une fois manquée il ne serait plus possible d’y revenir ; que le Roi, hier dans son Conseil, avait refusé de son propre mouvement une demande de ce genre bien fondée ; que, à la vérité, ce n’était pas lui qui l’avait présentée. Cette observation, Madame, faite par M. de Vergennes, vous est favorable, puisqu’il veut bien se charger de présenter celle de M. de Laplatière. Il a fini par assurer Mme  d’Arbouville qu’il ne perdrait pas un instant de vue cette affaire. Elle aurait peut-être encore prolongé sa visite, si Mgr  le prince de Condé ne fût arrivé. Cette prudence que veut y mettre M. de Vergennes, la solidité de son raisonnement font croire à Mme  d’Arbouville, et je le crois aussi, qu’il est réellement disposé à prendre les moyens de la faire réussir. Ainsi, Madame, ne désespérons pas, mais ayons de la patience. M. de Saint-Romain m’a aussi observé qu’il y en avait une ou deux très favorables et plus anciennes que celle de M. de Laplatière. D’après la réponse de M. de Vergennes, d’après l’avis de Mme  d’Arbouville et celui de M. de Saint-Romain, je crois devoir prendre la liberté, Madame, de vous dire que, si aucune autre affaire ne vous retient à Paris, vous ferez bien de ne pas y attendre le succès de celle-ci. Mme  d’Arbouville m’a chargé de vous assurer que vous pouviez vous en reposer sur son zèle et sur les sentiments d’estime et d’intérêt que vous lui avez inspirés. Elle regarde cette affaire comme la sienne. Je n’ai pas eu l’honneur, Madame, de vous voir souvent ; mais j’ai appris assez à vous connaître pour regretter que votre séjour dans ce pays-ci ait été si court. Vous allez revoir des personnes qui font votre bonheur, je ne puis que m’intéresser à une réunion si désirée. Si je n’ai pas l’honneur de vous voir davantage, je vous prie, Madame, de ne pas m’oublier auprès de M. de Laplatière et d’agréer l’assurance de mes sentiments respectueux.

Votre très humble et très obéissant serviteur.


L’abbé Gloutier.

À Versailles, dimanche.

146
[À ROLAND, À AMIENS[1].]
[Fin mai 1784 (sans date au ms.), — de Paris.]

Je t’envoie, mon ami, le compte de Visse ; tu lui redois 134tt en y comprenant la livraison pour Crespy dont j’ai reçu la valeur et celles pour les voisins que tu toucheras. Tu verras que ce qui est sous accolade, 14 exemplaires des Lettres, dont 6 pour Belin, et 2 exemplaires de chacun des Arts, est ce que j’ai pris et distribué depuis mon séjour ici.

  1. Ms. 6239, fol. 103.