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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/581

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vrages que j’ai pour l’enfance ; j’aurais besoin d’être aidée, car il n’est pas aisé de créer tous les jours du nouveau ; d’ailleurs, en me les voyant lire, il lui prendrait peut-être envie de les savoir lire elle-même, et nous avons grand besoin de cette envie-là. Elle a acquis la çonnaissance des lettres très vite et en se jouant, mais, pour les assembler, elle bâille à chaque mot de si grand cœur, qu’elle m’en fait pitié. Dites, je vous prie, mille choses honnêtes et affectueuses à M. Parault.

Je suis seule pour huit jours au moins ; mon beau-frère est allé voir à la campagne les pierres qu’on a tirées pour notre bâtisse ; mon bon ami y fait un tour, et s’en va plus loin pour une opération demandée par l’administration. Il y a quelque temps que ce petit voyage m’aurait donné des craintes, malgré son cheval et son domestique, à cause des loups assez communs dans nos bois.

Vous reverrez donc bientôt l’excellent M. de Vin, et vous verrez aussi Mme d’Eu, brave personne, de douce société ; je vous en félicite.

Jugez par ma lettre de toute ma confiance à l’antique amitié, et jugez aussi de la mienne par celle que je veux croire à d’autres.

Adieu.

Je reçois des nouvelles de M. Gosse, toujours honnête et digne républicain, d’ailleurs laborieux et infatigable. Il doit passer cette année en Amérique.


175

[À ROLAND, AU CLOS[1].]
Jeudi, 20 janvier 1785, à 10 heures, — [de Villefranche].

Eh bien, Monsieur, il ne pleut pas ; qu’avez-vous à dire ? Mais aussi tu ne pars pas ; voyez un peu à quoi sert d’être sage !

Au reste, c’est une chose décidée. Eudora n’a point de frère ; le lutin sent cela, je crois ; il est plus diable que jamais.

  1. Ms. 6939, fol. 132-133.