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J’espère commencer incessamment les copies de mémoires, etc. J’ai dit à M. d’Ant[ic] que ce serait le moment d’envoyer un petit effet sur Lyon.

Je n’entends pas parler de l’abbé Laurent[1], qui sûrement enrage du mauvais temps. L’abbé P. [Pein] revient très souvent ; il disait, l’autre soir, en parlant des deux futures quêteuses, que ce serait le mérite et l’intrigue. Note que son frère voit beaucoup cette dernière et me parait fort bien dans l’esprit de son mari, qui, dans ma visite d’avant-hier, me vantait beaucoup l’esprit et l’éloquence dudit sieur[2].

Si tu avais le temps, tu pourrais écrire un mot aux deux bénédictins : à celui de Crespy, avec lequel je me suis toujours croisée ; à celui de Longpont, dont je suis étonnée de n’avoir pas trouvé de lettre jointe à celle des Despréaux, père et fils, parce que je me ressouviens que Platon nous a écrit, le mois dernier, que nous avions dû les recevoir par le prieur.

Tu me diras que c’est mon affaire ; mais j’ai hâte de passer enfin aux copies ; il me semble que j’ai fait bien des lettres ces jours-ci et que j’ai besoin de changer d’occupation ; ce n’est qu’avec toi que je me régénère.

Saint-Claude arrive avec toute la pacotille ; tes yeux vont mieux, voilà une bien bonne affaire. Toutes celles que tu m’envoies me paraissent bien belles et bonnes, ce n’est que trop in magnis, et pour le compte je ne me suis jamais trouvée à telle fête. À prendre dans le détail, je voudrais ôter et je ne sais où. Pour ne pas s’éloigner de mes intentions économiques, il aurait fallu choisir les matières, restreindre les dimensions en les prescrivant et les voyant prendre ; c’est ce que je te promets de faire une autre fois ; voilà mon école faite en bonne ville, et je saurai qu’il faut y serrer le bouton aux marchands quand on ne veut pas trop dépenser. Ainsi donc, je m’en accommode ; il n’y a point de

  1. Nicolas Laurent, chanoine de la collégiale de Villefranche ; guillotiné à Lyon, le 4 février 1794
  2. Il semble, en rapprochant ce passage de la lettre précédente du 16 mars (à Roland), que Madame Roland et Mme  Préveraud devaient quêter ensemble à l’église, et que l’avocat J.-B. Pein, frère du chanoine, était en aussi bons termes avec Mme  Préveraud qu’avec son mari.