Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/599

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faut éviter qu’il passe à Paris ; le cas devient embarrassant. D’ailleurs, faut-il, comme M. d’Eu semble l’indiquer, l’adresser à Flesselles plutôt qu’à lui ? Tu trouveras du frère un mémoire de graines à acheter pour le jardin du Clos ; enfin le digne mémoire des chères bêtises qui me concernent. J’avais envie de renvoyer le plumet, bien élégant pour mon allure ; j’ai peur qu’on le compte pour peu de chose en le reprenant, et qu’il ne souffre un peu du voyage qu’il ferait tout seul pour cette fois ; mais j’ai grande envie de le supprimer pour ma cérémonie[1] et de ne le laisser paraître qu’après. Je me réduis un peu pour mon dîner, et je ne ferais plus que sous condition d’un bon marché sur lequel j’apprends qu’il ne faut pas compter.

Nous devons avoir, dans l’une de nos dernières feuilles du Journal de France, une partie des belles sentences chinoises que tu as copiées. Mais tu en as, je crois, recueilli davantage et j’aime à les avoir de ta main. Elles sont bien frappées et bien senties.

J’ai craint d’exposer le gros paquet de l’ami Lanth[enas] en le faisant passer à M. d’Ant[ic] sitôt après l’autre ; je l’expédie par M. Rousseau[2], que je charge aussi de ma missive amicale pour le père et le fils, de Dieppe. Vois la lettre du petit, elle annonce bien les soins et le singulier travail de l’excellent père.

Les lettres de M. Lant[henas] m’ont fait beaucoup rire ; je regrette bien de lui avoir écrit si bref ; mais c’est réparable et je nous acquitterai la semaine prochaine, si tu ne l’as fait toi-même[3].

Je viens de faire quelques visites que je devais encore à Mesdames de La Voûte, La Colonge, etc[4]. Il aurait été indécent de se présenter en public avant l’acquit de ces dettes, et la semaine prochaine est toute pour l’église, où il faudra bien me montrer comme les autres. Notre frère a

  1. De quêter à l’église, sans doute pour le jour de Pâques.
  2. On a déjà vu, en maint endroit, que la complaisance de Bosc, pour la correspondance en franchise, n’était pas seule mise à contribution ; on usait aussi de la voie des bureaux.
  3. Lanthenas était toujours au Puy.
  4. Antoine Ducroux de La Voûte était procureur du Roi en la maîtrise des eaux et forêts du Beaujolais ; — François-Blaise Guérin de La Colonge était lieutenant général civil et criminel en la sénéchaussée (Alm. de Lyon, 1784).