change point à l’aspect d’une femme ; que ferait une lettre sur ses résolutions ? M. de Colonia[1] est déjà trop loin du commerce et de ce qui y tient, pour se souvenir beaucoup d’un inspecteur qui ne l’a plus cultivé. Si vous pouvez un jour aller chez M. Faucon, lui parler de la lettre et des mémoires que je lui ai adressés, le presser d’intéresser le maréchal, c’est là je crois, notre moyen le plus direct.
Je sens combien, à cette époque, votre âme peut être affectée et je ne partage pas moins l’effet que renouvelle la révolution du temps que celui que produisit l’événement[2]. Si des souvenirs douloureux viennent rouvrir vos plaies cruelles, que ceux de l’amitié consolante s’y mêlent pour les adoucir, et que le sentiment d’une perte trop grande soit toujours accompagné de l’assurance de conserver des amis dont l’affection ne peut s’éteindre.
Vous aurez reçu deux paquets expédiés d’ici le même jour : l’un du secrétaire d’Eudora, qui écrivait de son côté, tandis que du mien, et croyant être seule à vous écrire, je vous faisais une lettre.
Autre chose, dont je désirerais avoir raison. Une femme, qui doit avoir incessamment à Paris un bureau de loterie, sollicite ici une personne de lui remettre des fonds dont elle lui promet six pour cent, en lui faisant envisager ce placement comme très sûr, parce qu’il y a, dit-elle, vingt-cinq mille livres de cautionnement qu’elle fournit à la régie ou à… je ne sais qui, et sur lesquelles un bailleur de fonds aurait toujours son recours. Je ne crois point à cette sûreté, parce qu’enfin ces fonds ne sont que pour celle même de la régie, de ceux enfin qui s’en nantissent, et je ne vois pas quel recours y aurait le particulier préteur s’il arrivait que le receveur ou buraliste fit de mauvaises affaires et emportât à la régie. Mais enfin, on veut avoir un avis de Paris, de quelqu’un bien instruit des choses, et c’est encore à vous que je le demande. Il s’agit d’une orpheline, majeure pourtant, qu’on