monde se moque[1]. L’académicien y loue le charlatan à toute outrance ; et, pour rendre la chose plus touchante, il a inséré dans sa pièce de vers un épisode pour Ducis qui, mourant de frayeur dans un mauvais carosse, en traversant les montagnes de la Savoie, a fait une assez triste culbute. Thomas voit en son confrère le Sophocle de la France, traîné comme Hippolyte par ses chevaux indociles, qui font voler son char en éclats. Un provincial, ennuyé de ce jargon et suffoqué de l’encens, a répondu par les vers que je vous envoie, en regrettant bien sincèrement de n’être pas de votre avis sur mes bons compatriotes ; mais si les juges de votre Parnasse font de telles balourdises, comment voulez-vous défendre la tourbe de nos badauds ? Indépendamment du mauvais sujet que Thomas a choisi pur idole, ses vers ne sont pas mêmes dignes de la réputation d’un faiseur d’éloges. Ce sont pourtant ces deux académiciens qui vont briller mardi à la séance publique de Lyon, où l’un d’eux lira un chant de sa Pétréide. La Blancherie vous en donnera des nouvelles, s’il repart bientôt ; je n’imagine pas qu’il trouve à Lyon beaucoup de souscripteurs.
- ↑ Jean-Antoine-Michel-Dieudonné Janin de Combe-Blanche, né à Carcassonne en 1731, que Thoma appelle « un chirurgien célèbre », était un oculiste qui, comme on dirait aujourd’hui pratiquait la réclame. Il s’intitulait « médecin-oculiste de S.A.S. Monseigneur le duc de Modène et son pensionnaire ; professeur honoraire de l’Université de Modène, de la Société royale de médecine, des Académies de Dijon, de Villefranche [1769] et de Montpellier, etc… membre du Collège royal de chirurgie de Lyon [1773], rue Saint-Dominique » (Almanach de Lyon, 1785). — Voir sur lui et ses prétendues découvertes scientifiques, les Mémoires secrets, 21 février, 4 mars, 8 et 16 avril 1782. — Au début de la Révolution, à Lyon, il essaya de jouer un certain rôle : à la fête de la Fédération lyonnaise du 30 mai 1790, nous voyons figurer « le chevalier Janin de Combe-Blanche, commandant général, colonel de la garde nationale de la Guillotière ». Cf Wahl, Les commencements de la Révolution à Lyon, p. 107, et Lyon en 1790, par A. Metzger et J. Vaesen, p. 102, où l’on voit que Janin, colonel de la garde nationale de la Guillotière, sans avoir un mandat spécial pour cet objet, était allé à Paris solliciter les décrets de 6 et 13 février 1790, qui réunirent la Guillotière à Lyon ; d’où un certain mécontentement et un commencement d’émeute le 23 mai.
Il mourut le 12 juin 1811 (Péricaud, Tablettes chrono. pour servir à l’histoire de Lyon). Voir sur lui Quérard, La France littéraire.