Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/645

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gements, en nous attachant à cette décision, il faut bien que je te porte le tout. Mais, comme je ne puis pas dire ces raisons, il faut aussi se résoudre à avoir l’air de faire une petite folie, à moins que tu ne trouves un prétexte plausible pour me faire une lettre ostensible qui oblige mon départ.

Si l’état de mon frère venait à empirer, ce que je ne crois pas, je demeurerais ; et si les choses n’étaient pas assez graves pour que tu revinsses, mais seulement assez pour me retenir, alors il faudrait que l’ami Lanthenas fît le voyage, et je lui remettrais tout ce dont j’aurais dû me charger moi-même. À propos de cela, ne songe-t-il point à se faire enregistrer ici à son retour[1] ? Il ne paraît pas que Bussy puisse s’en tirer[2], et, dans tous les cas, selon ce que j’entends chuchoter, il y aura des changements. Aussi un étranger, médecin de Montpellier, a dessein de se présenter[3] ; l’inspecteur des hôpitaux, celui dont le passage ici est l’époque de la maladie de Bussy, avait nommé Morel[4] adjoint à l’hôpital, mais on doit tenir bureau[5] de dimanche en huit,

  1. Il était entendu que Lanthenas viendrait s’établir médecin à Villefranche. Le projet eut même un commencement de réalisation  ; à l’Almanach de Lyon de 1786, article Villefranche, nout trouvons : « M. Lanthenas, maître ès arts et gradué en l’Université de Paris, docteur en médecine. » La mention subsiste dans tous les almanachs suivants, jusqu’en 1790, bien qu’en réalité Lanthenas ait passé la plus grande partie de ces années-là à Paris et à Lyon.
  2. Bussy s’en tira, car il figure à tous les almanachs suivants.
  3. Jean-Marie-Philibert de Chavanne, né à Villefranche en 1753, figure aux Almanach de Lyon, à partir de 1786, parmi les médecins de Villefranche, sous le nom de « Chavanne de Troblenne, docteur en médecine de la Faculté de Montpellier ». Officier municipal en 1789, successeur de Bussy comme médecin de l’hôpital en 1790, il trouva un refuge, en 1793, à l’armée du Rhin, où il servit comme chirurgien. Revennu à Villefranche en 1801, il mourut conseiller de préfecture à Lyon le 13 mars 1804, laissant tous ses biens aux hôpitaux de Lyon, à la charge d’établir dans sa maison de Villefranche une école primaire gratuite. Une rue de la ville porte son nom.
  4. Morel, « docteur en médecine, associé au Collège des médecins de Lyon » (Alm. de Lyon, 1784, art. Villefranche). Il semble que ce fût le meilleur des médecins de la petite ville. Roland, en écrivant à sa femme le 4 juin 1785 (ms. 6241, fol. 247), au sujet de leur enfant malade, lui disait : « N’hésite pas à appeler Morel. » — Il était de l’Académie de Villefranche depuis 1777.
  5. Le « Bureau des pauvres » (nous dirions aujourd’hui « la Commission adminis-