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Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/668

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pour que tu ajoutes le sel et la bénédiction, en l’envoyant par l’Intendance de là-bas, à ce que j’imagine.

J’écris à ma petite cousine[1], à qui je n’ai pas donné de mes nouvelles depuis le Jour de l’An : j’écrirai au Crépysois ; enfin je m’en donne tandis que tu n’es pas là, et je fais des lettres longues d’une aune. Cela se prend et se laisse, au milieu des petites affaires de ménage, des leçons, jaseries, etc.

Eudora est gentille aujourd’hui, mais non mieux portante et fort abattue ; elle est brûlante, et sûrement tourmentée de la fièvre. Je lui ai donné de la mousse qui la purge un peu ; j’ai fait venir Bussy qui juge que cela ne sera rien et qu’il y a des vers à purger ; il n’otdonne rien que ce que je fais.

Malgré son accablement, elle a bien lu, bien raconté ce qu’elle sait, bien crayonné des circonférences et des diamètres, etc., puis dormi dans mes bras, un peu joué et enfin demandé, non à se coucher, mais à se reposer sur le lit de papa : je l’y ai mise, elle y sommeille.

J’ai reçu des nouvelles de Lanthenas dont je t’enverrai l’épître à l’autre courrier, pour ne pas tant grossir le paquet ou plutôt ne pas t’en donner tant à lire à la fois.

Tu as vu ce que j’ai écrit à sa dulcinée par le courrier de ce matin ? Est-ce bien, mon maître ?

Adieu, pour ce soir. J’espère avoir de tes nouvelles avant de fermer la présente.


Vendredi.

Saint-Claude est arrivé hier, comme je finissais de t’écrire ; il me fâche bien qu’il t’ait si mal contenté. J’ai fait venir Vincent et rempli tes intentions. Nos deux chambres à vider le sont dès à présent. Le lit de la tienne était rempli de punaises ; j’ai tout fait porter à l’écurie, pour n’empester aucun coin de la maison ; je croirais que l’odeur qui se manifestait dans cet appartement, quand il était fermé, tenait à ce lit : vieilleries que tout cela, qu’il faut nettoyer en plein.

  1. Mme Trude.