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Adieu ; le soleil m’a fait mal à la tête ; je me délasse à relire les Lettres Péruviennes[1], et je pleure comme un enfant. J’ai encore le cœur et l’esprit tout neufs pour les romans.

Aspetto delle vostre nuove ; ce n’est pas de conséquence, au moins.


242

[À ROLAND, À AMIENS[2].]
[Mai 1786 (?), — du Clos.]

…dîner demain à Creux[3] avec mon frère qui est venu me donner la messe dimanche et doit rester avec moi jusqu’à jeudi. Il s’occupe toujours des arrangements de la maison ; il a fait hier une emplette de bois qui complète ce qui est nécessaire en ce genre, pour la maison et sa loge, à l’exception des planchers de la première.

Insensiblement tous les matériaux se réunissent, et je ne désespère pas de voir finir un jour cette entreprise.

Je t’ai écrit constamment deux fois la semaine, par d’Atc [Antic], sans compter quelques expéditions par les bureaux de M. de Vin ; j’espère que tu auras reçu beaucoup de choses à Dieppe.

Si tu me demandes à quoi je m’occupe à présent, je te dirai à coudre, ce que je fais avec autant d’activité qu’autre chose, et ce qui, parfois, me fatigue tout autant, surtout quand je rêve triste en travaillant. Mais vois à qui la faute. Où que tu sois, et sûrement près de quelques amis, dis-leur mille choses pour moi.

Eudora est forte et roide en proportion ; je l’emporte toujours, mais toujours aussi mon cœur saigne de la victoire.

Je te dirai quelque chose de la journée de demain, le soir en ren-

  1. Roman de Mme de Graffigny (1747).
  2. Ms. 6239, fol. 172. — Le commencement manque.
  3. Creux ou Cruix, hameau voisin du Clos, entre les villages de Theisé et de Pouilly-le-Monial. « Château et fief sur la paroisse de Theizé, appartenant à la famille Bellet de Tavernost » (Alm. de Lyon, 1784). — Voir, plus loin, une note de la lettre 246.