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qu’elle n’appelle plus qu’un tel, ou Messieurs, parce qu’elle a cinq ans, et qu’il y a déjà de la conséquence dans une fille de cet âge !

Adieu ; je vous permets de rire de mes folies, car vous m offrirez toujours bien de quoi prendre ma revanche.


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[À BOSC, À PARIS[1].]
22 décembre 1786, — [de Villefranche].

Peste !… Vous devenez galant ! Vous m’appelez « belle dame » ! Je me rengorge, faut voir ! J’en ai presque trois mentons. N’allez-vous pas encore vous scandaliser de ces grâces ? Quoi qu’il en soit, vous voyez que je vous protège, puisque j’ai recours à vous et que je vous donne des commissions. Veuillez donc faire parvenir les trois ci-jointes comme vous le jugerez bon.

J’ai reçu hier les missives du bon de Vin ; vous avez des nouvelles de mon bon ami ; je n’ai donc rien à vous apprendre sinon que la citation qui termine votre courte épître me flatte beaucoup, car elle prouve, premièrement, que vous avez mon texte devant les yeux ; secondement, que vous êtes jaloux de ne rien faire dont on ne sente le prix. Maintenant ne faudrait-il pas tirer à la courte paille pour savoir qui commencera ?

Vous voudrez bien apprendre à l’ami Lanthenas que le personnage sur le compte duquel il me fit passer une lettre instructive vient de se brouiller, par des querelles académiques, avec le Roland de nos jours, aussi bon paladin dans son genre que celui qui possédait Durandal, et que le personnage en question est un vrai Pinabel, aussi faux que le Mayençois[2]. À quoi vous pourrez ajouter qu’il n’est plus de Marphise qui daigne rompre des lances avec un si lâche adversaire.

Si vous vous avisez de rire de mon galimatias, je vous enverrai au

  1. Ms. 9533, fol. 95-96.
  2. Il s’agit probablement de M. de Villers.