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LETTRES

DE

MADAME ROLAND

ANNÉE 1788.


AVERTISSEMENT.

Nous n’avons, pour 1788, que 26 lettres, dont 21 à Bosc et 1 seulement à Roland. Cela s’explique dans une certaine mesure, si on considère que les tournées de l’inspecteur, encore actives en 1785, alors qu’il avait à faire connaissance avec son nouveau service, devenaient de plus en plus rares ; il s’était mis, comme le lui conseillait sa femme en 1784, à « faire son métier en pantoufles ». Il consolidait ses relations à Lyon ; il prolongeait ses séjours au Clos, qu’il administrait désormais et travaillait à remettre en bon état. D’ailleurs, il semble bien qu’à la veille de la Révolution, l’inspection des manufactures, très attaquée par les partisans de la liberté du travail, bouleversée d’ailleurs par Brienne, se sentant condamnée à disparaître, ne s’exerçait plus guère. Roland et sa femme, s’étant peu quittés, auront eu peu à s’écrire. Mais il faut bien admettre aussi qu’une partie de leur correspondance n’a pas été conservée.

On peut cependant, avec ces 26 lettres, complétées et commentées par les lettres de Roland à Bosc de la collection Morrison, qu’il nous a été permis de consulter, suivre l’évolution qui se fit, en cette année décisive pour la ruine de l’ancienne monarchie, chez Madame Roland et son mari. En 1787, il n’y avait qu’indifférence chez l’une, et résignation irritée chez l’autre ; en 1788, au signal de l’insurrection du Parlement contre Brienne, Madame Roland tressaille ; elle est un moment parlementaire (lettres des 19 et 22 mai, et lettre 301 en juin) ; puis, dès que le Parlement a laissé voir qu’au lieu d’aller au peuple il songe à revenir en arrière, elle s’indigne, sans grand espoir cependant (« Le bien à faire, qui ne s’exécutera jamais », lettre du 1er octobre),