Page:Roland Manon - Lettres (1780-1793).djvu/880

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

du bien à mes voisins. S’ils devenaient ingrats, tant pis ; je payerais l’intérêt des avantages que ma situation m’a donnés sur eux. Mais je ne leur ferai pas l’injure d’y croire avant l’événement, et quand je serais victime de quelques brigands, je ne désespérerais pas de la chose publique, comme ces lâches qui crient au renversement pour quelques maisons brûlées. · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·


Au nom de Dieu, gardez-vous bien de déclarer que l’Assemblée nationale peut fixer irrévocablement la Constitution ; il faut, si elle en trace le projet, qu’il soit ensuite envoyé dans toutes les provinces, pour être adopté, modifié, approuvé par les constituants.

L’Assemblée n’est formée que de constitués, qui n’ont pas le droit de fixer notre sort. Ce droit est au peuple, et il ne peut ni le céder, ni le déléguer.


324

[À BRISSOT, À PARIS[1].]
7 août 1789, — de Villefranche.

Trois ou quatre petits seigneurs de ces cantons se sont retranchés dans leurs châteaux avec canons, fusils et munitions. Ils sont secondés par un tas de bri-

    fran- du 12 août 1789 (n° XIV, sous la rubrique de « Villefranche-en-Beaujolais, 3 août 1789 », précédée de ces lignes assez significatives : « La lettre suivante, écrite par une femme très éclairée, et d’un caractère vraiment énergique… ». D’après les relations de Brissot avec les Roland (voir Appendice P), on est déjà en droit de l’attribuer à Madame Roland. Inquiète de la grande peur, elle avait couru au Clos le 29 juillet ; bien vite rassurée, elle écrit à ses amis de Paris cette lettre confiante que ceux-ci s’empressent d’insérer dans le journal qu’ils viennent de fonder (le 28 juillet). Nous avons d’ailleurs, pour confirmer cette attribution, le témoignage d’une tradition. Sur les gardes de l’exemplaire de l’édition de Bosc (Appel à l’Impartiale Postérité, 1795), que nous possédons, une main inconnue, d’une écriture ancienne, et par conséquent d’un contemporain, a transcrit cette lettre et deux autres (7 août, 1er septembre) avec le titre suivant : « Fragments de lettres de Madame Roland, datées de la campagne près Villefranche en 1789, insérées dans le journal de Brissot, le Patriote français. » Dans cette copie, la lettre est datée « 3 août 1789, Thézée ».

  1. Cette lettre se trouve au Patriote français (n° XIV, du 12 août 1789), sous la rubrique « de Beaujolais, 7 août 1789 », immédiatement à la suite de la précédente. Elle est aussi transcrite sur les gardes de notre exemplaire de Bosc (voir la note de la lettre 323) et, pour ces deux raisons, nous paraît être de Madame Roland.