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nous parlions à lanthenas) sur l’administration des manufactures et du commercé[1] ?

Notre pauvre ami est bien à plaindre ; ses jambes empirent ; la qualité des humeurs parait rendre très difficile la cicatrice des plaies : il est toujours au lit ou sur la chaise longue ; l estomac, déjà si faible, en est encore fatigué et, dans cette situation, comment la mélancolie ne surviendrait-elle pas quelquefois ?

Cependant toutes nos affaires sont en souffrance ; ouvriers, travaux, réparations, soins journaliers, etc. ; ceux qui concernent la personne du patient m’absorbent presque tout entière, compagnie, consolation, etc. Joignez à cet ensemble une affreuse saison des orages chaque jour ; chaque jour le tonnerre gronde, menace ; le vent abat les fruits, la pluie dégrade de toutes parts, et la grêle ravage quelque canton.

Adieu ; soyons citoyens ; que le bonheur public s’opère, et le sentiment de nos maux particuliers s’éteindra.

Il a dû arriver de nos paquets à votre adresse durant votre absence.

Il faut bien que je vous dise, pour votre édification, que le pasteur protestant auquel j’ai confié ma file est ami de M. Rabaud de Saint-Étienne[2].

  1. Roland, dans sa lettre à Bosc du 2 octobre, déjà citée, se montre fort préoccupé des changements que préparait ce comité du commerce nommé par l’Assemblée nationale. Il s’agissait de ne pas se laisser oublier, d’être appelé plutôt à concourir à la réorganisation du service. Il avait rapidement rédigé pour cela un mémoire résumant ses vues sur la matière : « Je vous envoie, écrit-il à Bosc, quatre exemplaires de mon Mémoire sur l’administration des manufactures et du commerce. Faites-en passer deux à Lanthenas et remettez les deux autres à qui vous croirez en faire le meilleur usage. Je vous en ferai passer d’autres, successivement, suivant ce que vous me manderez. Recommandez fortement l’ouvrage, si vous le trouvez bon : mais ne me faites point connaître de quelque temps encore : j’ai de bonnes raisons pour cela. Parlez-en ainsi à Lanthenas, et qu’il en parle ainsi à Brissot de Warville, à qui il en fera passer ou remettre un exemplaire. » — Il y a aux Papiers Roland, ms. 9532, fol. 363-366, une copie de ce mémoire, de la main de Madame Roland, faire pour Albert Gosse.
  2. Sic. — Nous avons dit (lettre du 7 mai 1789) que c’était probablement Frossard.