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qu’elle ne servit de voile ou de prétexte à des desseins des ennemis publics[1].

Que fait-on dans votre capitale et que pense-t-on de la grande machine ?


336

[À BRISSOT, À PARIS[2].]
22 novembre 1789, — de Lyon.

On fait ici des contes sur Madame de Staal (sic) qu’on dit être fort exacte à l’Assemblée, qu’on prétend y avoir des chevaliers auxquels de la tribune elle envoie des billets pour les encourager à soutenir les motions patriotiques ; on ajoute que l’ambassadeur d’Espagne lui en a fait de graves reproches à la table de son père. Vous ne pouvez vous représenter l’importance que nos aristocrates mettent à ces bêtises nées peut-être dans leur cerveau ; mais ils voudraient montrer l’Assemblée comme conduite par quelques étourdis excités, échauffés par une dizaine de femmes.


337

À BOSC, [À PARIS[3].]
[Derniers mois de 1789, — de Lyon ?]

Je vous adresse, mon ami, comme à Lanthenas, je ne dirai point mes reproches, mais mes complaintes ; mon cœur est enveloppé de mélancolie. L’affreuse douleur m’a laissé des impressions[4], comme l’esclavage laisse des flétrissures ; les unes et les autres sont presque

  1. Ici apparaît la première idée du projet de camp sous Paris que Servan fera prévaloir le 8 juin 1792.
  2. Fragment de lettre cité par Saint-Beuve, Introduction aux Lettres à Bancal des Issarts, p. l.
  3. Collection Alfred Morrison, 2 folios — La lettre porte, dans un coin, à gauche : M. d’Antic.
  4. Allusion à la mort du chanoine Bimont (fin septembre 1789), ou plutôt à celle du curé de Longpont (29 novembre). — Nous avons ainsi la date approximative de cette lettre.