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Mais c’est un homme infiniment dangereux par son esprit et son caractère, son ambition, sa souplesse, son hypocrisie, son activité, parlant bien et ayant d’excellents poumons : faux, fourbe, prêtre et enragé.

L’abbé de Vitry[1], ex-jésuite ; pour celui-ci, c’est un vizir furieux, prêt à envoyer le cordon à tout patriote qu’il trouve en son chemin. Homme très actif, ne manquant pas d’esprit, outré de la Révolution, quoiqu’elle augmente sa pension ; vendu au baron de Juis par rapprochement de femmes parentes de l’un, autrement liées à l’autre ; vieux satrape, le plus colère qui ait jamais existé. (Actuellement administrateur du dépôt des mendiants et vagabonds.)

Id. des comtes de Saint-Jean.

Pour Agents nobles : à prendre dans le cercle de Bellecour, société qui n’a pas été indifférente aux projets de contre-révolution, notamment à celui que Narbonne-Fritzlar voulait préparer ici avec Imbert[2].

Agents négociants : parmi les banquiers, les recteurs des hôpitaux, les anciens échevins ; enfin, quelques agents de change et autres habitués du café Grand et autres lieux publics, foyers d’aristocratie où un ami de la Révolution n’oserait bien parler d’elle sans risquer d’être environné par des gens prêts à l’insulter.

Jugez où en est le patriotisme de cette cité. Si cet affreux projet réussit, la guerre civile ou le despotisme sera inévitable ; l’une et l’autre sont à nos portes. Faites éclater, tonner Desmoulin(sic), Carra, Prudhomme, tous les papiers, tous les écrits ; que ce soit un cri si universel, si terrible, qu’il en impose à nos ennemis, qu’il éveille le peuple, excite sa vigilance et renverse toutes les intrigues. Il n’y a pas un instant à perdre, ou nous sommes perdus nous-mêmes.


Écriture de Roland :

Juis est Lafond en son nom, fils d’un marchand de soie, qui a acheté une terre, qui fut jadis érigée en baronnie, on ne sait en faveur de qui ; d’où le--

  1. L’abbé de Vitry, membre de nombreuses sociétés savantes, secrétaire perpétuel de la Société d’agriculture de Lyon, dont Roland faisait partie. — Voir lettre du 5 décembre 1786.
  2. En septembre-octobre 1789.