une incroyable fureur ; Blot a eu grand soin, au dernier conseil, la veille de son départ[1], de changer de place pour n’être pas à côté de M. de Laplt. [Laplatière]. Il était déjà échappé à sa femme de me dire que son mari était tympanisé à cause de sa liaison avec le mien… J’ai frémi un moment d’indignation et j’ai bientôt souri de pitié… Comme si de tels Myrmidons, apprentis des affaires et des vertus publiques, ne devaient pas s’honorer de tenir à un homme blanchi dans l’exercice du courage et la profession de publier la vérité. Sans doute, sous l’ancien régime, on pouvait lui faire un tort de sa rude franchise, sans doute encore dans la société, où l’on ne veut que des agréments aux dépens des qualités, on peut lui reprocher son inflexibilité, ses formes anguleuses. Mais, quand on soulève l’oppression, quand on déchire tous les voiles, quand il faut poursuivre les abus, tonner contre l’injustice et révéler toutes les iniquités, il est bien question de ménagements, de confitures et de politesses ! Je suis persuadée que Blot va tourner Wlle [Warville] et lui représenter Lyon comme devant se conduire tout différemment que Paris ; il répétera le dicton de nos lâches patriotes, qu’on ne peut pas tout dire en province ; et pourquoi ?… Parce qu’ils sont des pleutres à qui les cris font peur et que les menaces effrayent ; non contents de se cacher, ils désavouent le seul homme qui ait assez de caractère pour se montrer.
Si nous avions eu un second de notre force, tout Lyon était à la raison ; les méchants se plaignent et les autres nous trahissent. Leurs sots propos, leurs indignes clameurs, leurs absurdes calomnies se propagent à l’aise. Retirés dans le cabinet, avec la plume pour notre seule défense, ne cultivant personne par intérêt quelconque, nous sommes en proie à toutes les insinuations qu’on veut répandre contre nous ; jamais on ne nous voit nulle part en personne nous montrer
- ↑ Blot venait de partir pour aller, ainsi que nous l’avons dit, demander au Gouvernement, de la part de la ville de Lyon, de nationaliser la dette municipale, qui était de plus de 30 millions.
ce moment. Or payer vous est impossible et faire banqueroute serait infâme. Ms. autographe de Roland non signé, in-4o, 4 pages ». (Catalogue du fonds Coste, de la Bibl. de Lyon no 7878.)