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calmés, et l’adhésion, faite seulement aujourd’hui par quelques sections, aurait été générale. Malheureusement, la députation de Lyon à l’Assemblée est mesquinement composée ; il y a des intéressés dans tout cela, et, pour achever, un de nos notables patriotes (autre que Blot), qui vient de se rendre à Paris[1], a dans sa manche une nouvelle compagnie qui se propose pour les octrois, qu’en conséquence il défend sur les toits.

Adieu.


Roland, née Phlipon.

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À M. H. BANCAL, [À PARIS[2].]
31 juillet, 18e jour an ii de la liberté, — [du Clos].

Comme la distance apporte de retards à la correspondance, même la plus suivie ! Je vous ai écrit trois ou quatre fois, et je vois seulement que vous avez reçu ma première. Vous êtes inquiet de ma santé ; elle est un peu variable comme le beau temps de l’automne. Depuis que nous sommes à la campagne, j’ai pris beaucoup de lait, et son usage habituel joint au repos du lit a dissipé l’irritation que je sentais à la poitrine ; je n’ai plus qu’une sorte de faiblesse, qui m’étonne toujours parce qu’elle me force souvent de m’arrêter et que ma volonté n’est point habituée à se voir contrainte par le défaut de facultés. Au reste, il ne faut qu’un peu de contrariétés extérieures pour rappeler ma vigueur ; rien ne me donné du courage comme le besoin d’en user, et depuis la crise de Lyon je me sens ranimer. Je joins ici quelques exemplaires de la petite brochure que les circonstances ont rendue nécessaire ; elle aurait pu être mieux faite, mais, quand on est décidé à donner ces sortes d’explications, on n’éprouve qu’un sentiment, celui de repousser avec célérité les fausses idées qui ont pris faveur.

Je tiens toujours à mon petit voyage à Lyon ; je l’ai retardé de deux fois

  1. Patriote français du 24 décembre 1790 : « …MM. Blot et Perez, députés extraordinaires de Lyon à Paris… ». Mais il n’y avait aucun notable de Lyon répondant à ce dernier nom. Brissot aurait-il voulu dire Perret ?… Mais Perret, alors notable, puis peu après officier municipal, était du parti de Roland, et d’ailleurs nous ne trouvons pas trace qu’il ait eu une mission de la Commune de Lyon.
  2. Lettres à Bancal, p. 24 ; — ms. 9534, fol. 21-24.