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LITTÉRATURE DE GUERRE

côté du Rhin, ils passent la mesure en « déplorant la mort de ce grand homme, comme celle d’un des leurs », et en se proclamant « ses héritiers ». — Mais l’orgueil qui admire est du moins supérieur à celui qui dénigre.

La plus importante de ces jeunes revues, par la variété des questions qu’elle traite, par le nombre et la valeur de ses collaborateurs, comme par l’esprit très large de celui qui la dirige (l’écrivain René Schickele, Alsacien d’origine, un de ceux qui sentent le plus vivement l’acuité douloureuse de la lutte engagée), est Die weissen Blätter. Elle correspond à peu près à notre Nouvelle Revue Française. Interrompue quatre mois, elle a repris en janvier, avec cette déclaration qui s’apparente à celle de la Revue des Nations de Berne : « Il nous semble beau de commencer la reconstruction, au milieu de la guerre, et d’aider à préparer la victoire de l’esprit. La communauté européenne semble aujourd’hui détruite. Le devoir de tous ceux qui ne portent pas les armes ne devrait-il pas être de vivre, dès aujourd’hui, avec pleine conscience comme ce sera le devoir pour tout Allemand, quand la guerre sera finie ? »

À côté de publications désintéressées de la politique actuelle, romans historiques à longue haleine (comme le Tycho Brahé de Max Brod), ou comédies satiriques de Carl Sternheim, qui continue de poursuivre de sa mordante ironie la haute société allemande, les grands industriels, — les Weissen Blätter s’ouvrent largement aux