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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

minel des quatre-vingt-treize intellectuels à ne pas vouloir voir la vérité, auront coûté plus cher à l’Allemagne que dix défaites.

Que vous êtes maladroits ! Je crois que de tous vos défauts, la maladresse est le pire. Vous n’avez pas dit un mot, depuis le commencement de cette guerre, qui n’ait été plus funeste pour vous que toutes les paroles de vos adversaires. Les pires accusations qu’on ait portées contre vous, c’est vous qui en avez fourni, de gaieté de cœur, la preuve ou l’argument. De même que ce sont vos Agences officielles qui, dans l’illusion stupide de nous terroriser, ont lancé, les premières, les récits emphatiques de vos plus sinistres dévastations, — c’est vous qui, lorsque les plus impartiaux de vos adversaires s’efforçaient, par justice, de limiter à quelques-uns de vos chefs et de vos armées la responsabilité de ces actes, en avez rageusement réclamé votre part. C’est vous qui, au lendemain de cette ruine de Reims, qui, dans le fond du cœur, devait aussi consterner les meilleurs d’entre vous, au lieu de vous excuser, vous en êtes, par orgueil imbécile, vantés[1]. C’est vous, malheureux,

    du cœur. La loi est l’amie du faible ; elle veut tout aplanir ; si elle pouvait, elle aplatirait le monde ; mais la guerre fait surgir la force… » )
    Ainsi, dans une arène, un taureau, fou de rage, se rue tête baissée sur l’épée que lui tend le matador, et s’enferre.

  1. Comme l’écrit un de ces jeunes « pédants de barbarie » (ainsi les appelle justement Miguel de Unamuno) « on a le droit