Page:Rolland - Au-dessus de la mêlée.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

19
PRO ARIS

D’abord, un doute secret, refoulé par l’effort têtu pour croire aux mauvaises raisons, ramassées dans le ruisseau par leur gouvernement — documents fabriqués pour prouver que la Belgique avait renoncé elle-même à sa neutralité, fausses allégations — (en vain démenties, quatre fois, par le gouvernement français, par le généralissime, par l’archiprêtre et l’archevêque, par le maire de Reims) — accusant les Français d’avoir usé de la cathédrale de Reims pour un objet militaire. À défaut d’arguments, leur système de défense est parfois d’une naïveté déconcertante :

« Est-il possible, disent-ils, qu’on accuse d’avoir voulu détruire des monuments artistiques le peuple le plus respectueux de l’art, celui auquel on inculque ce respect dès l’enfance, celui qui a le plus de manuels et de collections d’histoire de l’art, le plus de cours d’esthétique ? Est-il possible qu’on accuse des actes les plus barbares le peuple le plus humain, le plus affectueux, le plus familial ! »

Il ne leur vient pas à l’idée que l’Allemagne n’est pas faite d’une seule race d’hommes et qu’à côté de la masse docile, qui est née pour obéir, pour respecter la loi, toutes les lois, il y a la race qui commande, qui se croit au-dessus des lois, qui les fait et défait, parce qu’elle se dit la force et la nécessité (Not…) — C’est ce mauvais mariage de l’idéalisme et de la force allemande qui mène à ces désastres. L’idéalisme