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AU-DESSUS DE LA MÊLÉE

Tolstoï, un Dostoievsky, un Gorki, tout ce qui a un nom dans la littérature !

La domination russe s’est faite cruellement lourde souvent pour les petites nationalités qu’elle a englouties. Mais comment se fait-il donc, Allemands, que les Polonais la préfèrent encore à la vôtre ? Croyez-vous que l’Europe ignore la façon monstrueuse dont vous anéantissez la race polonaise ? Pensez-vous que n’arrivent pas jusqu’à nous les confidences de ces peuples de la Baltique, qui, ayant à choisir entre deux conquérants, préfèrent encore le russe, parce qu’il est plus humain ? Lisez cette lettre, que je viens de recevoir encore, ces jours derniers, d’un Letton (Lithuanien), qui, bien qu’ayant souffert des exactions des Russes, prend parti ardemment avec eux contre vous.

Mes amis d’Allemagne, ou vous êtes étrangement ignorants de l’état d’esprit des peuples qui vous entourent, ou vous nous croyez bien naïfs et bien mal informés, Votre impérialisme, sous des dehors plus civilisés, ne me paraît pas moins féroce que le tsarisme, pour tout ce qui peut s’opposer à son rêve cupide de domination universelle. Mais tandis que l’immense et mystérieuse Russie, qui regorge de forces jeunes et révolutionnaires, nous laisse l’espérance d’un renouvellement prochain, votre Allemagne étaye sa dureté systématique sur une trop ancienne et savante culture pour qu’il y ait grand espoir qu’un si vieux