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Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/164

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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

C’était l’époque où Beethoven était tenté par l’effet de ce3 dialogues faciles entre deux personnages ou deux « principes », comme le montre une curieuse conversation, notée par Schindler 1.

Mais, par une vigoureuse alternance, qui se reproduit souvent dans son œuvre et qui est le rythme de sa vie, après la fiction vient le réel. A l’imitation objective des passions succède, presque toujours, le visage tragique de la, passion vraie 1 2.

1. En 1823, Beethoven, mécontent de la nouvelle génération musicale, a letudaior lemporis acii », rappelait que les premiers auditeurs de ses deux sonates op. 14 [mi majeur et sol majeur, 1798-1799) y avaient reconnu « le combat de deux principes : (« den Streit zweicr Principe r>), ou u le Dialogue entre homme et femme, ou amant et aimée » (a Dialog zwischen Mann und Frau, oder Liebhaber und Gelieble

  • ) (surtout dans l’op. 14 n° 2). — Propos, que les historiens de

Beethoven ont, bien à tort, essayé de mettre en doute, parce qu’il les gêne, soit dans leur admiration de l’artiste, soit dans leur conception propre de la musique. Il faut le prendre comme il est, — comme un de ces jeux de l’esprit, un peu puérils, sans prétention théorique, où s’égaye parfois la fantaisie d’un grand artiste. 11 n’y a qu’à lire le finale du rondo scherzo de la sonate en sol majeur, op. 14 n° 2, où s’affiche le plus nettement ce dualisme des motifs, pour en reconnaître le caractère plaisant, la volonté du badinage. Le Roi s’amuse... 2. Je n’en signale ici que les types les plus frappants. Mais il sera facile au lecteur de relever cette alternance, dans la suite des Sonates de Beethoven, — (et même, parmi celles de cette période juvénile, dans la suite des morceaux d’une même sonate). — L’op. 22 (si bémol) est aussi fermé à la sentimentalité que l’op. 26 (sonate en la bémol avec variations) y est ouvert. Le sombre et brûlant Clair de Lune est encadré entre la grâce mondaine de l’op. 27 n° 1 (la première quasi una janiasia) et la flânerie pastorale de l’op. 28 (ré majeur), qui n’offre pas trace do passion. Que l’on oppose de même, entre elles les trois sonates op. 31, — ou VAurore et VAppassionuta 1 Après chaque