a Schincller la partition manuscrite, qu’il gardait dans sa chambre, cachée sous un monceau de papiers, et dont nul jusqu’alors, ne soupçonnait l’existence, il lui disait : ■— ® De tous mes enfants, c’est elle qui nia coûté les pires ch uleurs de Venfantement, c est elle qui m’a causé le plus de chagrins ; et c’est aussi pour cela quelle m’est le plus chère. De préférence à toutes les autres. je la tiens digne d’être gardée et utilisée, pour La science de l’art... 1 » Dans cette vie de labeurs et de luttes acharnés, où chaque oeuvre est un combat, où les idées musicales sont conqniscs et reconquises, arrachées par la force, Leonore a la palme : elle n’a jamais été achevée. Elle fut trois fois récrite, dotée de quatre ouvertures -— chefs-d’œuvre sur chefs-d’œuvre — il en écrivait une cinquième, sans être satisfait. Donnons d’abord quelques dates de cet enfantement de dix années :
Les esquisses des cinq premiers morceaux de Leonore se trouvent dans le Cahier de 1803, après Y Héroïque et la sonate Aurore. Nottebohm, qui les a analysées 1 2, fixe leur date entre mai 1803, au plus tôt, et février 1804, au plus 1. Que l’on remarque cette préoccupation remarquable, et dont l’expression répond aux recherches les plus neuves de l’esthctique actuelle : — « die Wissenschaft der Kunst » / Voici le texte exact des paroles de Beethoven : «... dieses ssin geistiges Kind ihm vor allen anderen die grôsslen Geburlsschmerzen, aber auch den grôsslen Aerger gemacht liabe, es ihm daher auch am liebsien sei, und dass er der Aujbewalirung und Benulzung fur die Wissenschaft der Kunsl vorzugsweisc werlh halle... » 2, Eui Skizzenbuch von Beethoven, aus dem Jahre 1803.