pages d’essais, où les mots du dialogue se répètent, s’enchevêtrent, sans queue ni tête, en un rabâchage de dément 1 ... On ne comprend pas que Beethoven ait pu s’y reconnaître, que sa raison n’ait pas sombré dans ces fondrières... Cette vase, qui fleurit ! Cette vie trouble du marais, qui enfante, au soleil !... Et quel jardin splendide, dessiné et planté, comme les massifs royaux et les avenues classiques d’un maître de la Raison et de l’Ordre, au Grand Siècle !... Enfin, voici l’œuvre écrite. A peine est-elle enfantée, on la présente toute rouge et saignante au public (20, 21, 22 novembre 1805). — Mais la température de la salle est au-dessous de zéro. C’est la guerre, la défaite, F occupation française : l’élite viennoise a décampé, la bourgeoisie s’enferme au logis, et l’on ne voit pas bien Murat et Lannes venant écouter Beethoven ! Dans le public clairsemé, le chroniqueur saxon de la Gazette pour le monde élégant et son voisin de parterre, un Français, échangent leurs impressions d’ennui. Le Français — un Giraudoux de ce temps ironique et condescendant — n’en marque point de sur. prise : la composition dramatique étant, énonce-t-il le plus haut degré de l’art, elle exige une « formation » (Ausbildung ) esthétique, qui manque, naturellement, aux artistes allemands. -— La presse, qui met toujours le doigt sur le point juste, dit qu’il n’y a dans cette musique aucune idée mélodique, pas trace d’originalité, des répétitions indéfinies, un bruit perpétuel d’orchestre, qui divague par tous les tons, des chœurs absolument nuis ; et •— particu- 11. Cf. Thayer, II, p. 466-474,