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Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/263

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BEETHOVEN

— « Je ferai tout... je ferai tout ce que vous voulez de moi... pour vous... pour ma mère ! »...

Hélas ! les pieux amis, que lui ont-ils fait faire ? Non seulement il a dû, la mort dans l’âme, raturer trois numéros entiers ; mais, à l’intérieur des morceaux, des périodes sont coupées, — bien plus ! à droite, à gauche, les ciseaux font sauter des mesures isolées. Ainsi, la liaison est détruite, les modulations bouleversées. •— Mais, prenant sa revanche sur le terrain symphonique, Beethoven récrit une Ouverture, la magnifique Symphonie en ut majeur. n° 3, Là, iî est sur son terrain, et il ne craint personne... Il va bien voir ! On redonne Leonore, ou plutôt Fidelio 1, mutilé. Cette fois, la pièce n’a que deux représentations (29 mars, 10 avril 1806) 1 2. Four noir. — Et ce qui, le plus de tout, déplaît, c’est l’Ouverture !... Chorus de la mare aux critiques et aux « connaisseurs » :

« Tous les connaisseurs impartiaux sont pleinement d’accord que jamais on n’a écrit rien d’aussi décousu, d’aussj désagréable, d’aussi confus, d’aussi révoltant pour l’oreille. 1. Car jamais Beethoven n’a pu obtenir que Fou conservât son titre : Leonore, à cause de la confusion possible avec la Leonore de Paor ; il lui a fallu subir ce titre de Fidelio, qui ne lui plaisait point. 2. Déplorables exécutions ! Beethoven, exaspéré, se refuse à diriger l’œuvre, pour la deuxième représentation. Il ne veut plus entendre massacrer sa musique. — «... Je ne veux rien dire des instruments à vent. Mais que tous les pianissimo, crescendo, tous les decrescendo, tous les forte, fortissimo, soient rayés de mon opéra, c’est à perdre le goût d’écrire !... » (lettre du 10 avril 1806, au Pizarre de ces représentations, le chanteur Meyer).