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Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/280

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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

mande de notre temps ont relevé maintes ressemblances. La question vient d’être élucidée, pour les ouvertures de Beethoven par Arnold Schmitz (1925). Les exemples qu’il cite, les rapprochements qu’il fait, prouvent avec évidence que Beethoven a beaucoup pris aux compositeurs français de la Révolution, — mais aussi le magnifique emploi qu’il a fait de son butin. Si, dans le nombre des analogies, il en est qui peuvent provenir d’une souche commune : Gluck — tels, les puissants unissons par lesquels débutent toutes les ouvertures tragiques de Beethoven 1, — la plupart des autres attestent la contagion morale de la France à peine sortie de la Révolution, et qui en conservait l’ébranlement t — toute une famille de motifs ou d’effets caractéristiques, dans les opéras de Méhul et de Cherubini, trahissent cette fièvre nerveuse, cette agitation inquiète, cette surexcitation angoissée, que je signalais tout à l’heure, à propos des poèmes, et dont les compositeurs ne se rendaient peut-être plus compte clairement, mais qui, encore longtemps après, continuaient de leur courir sous la peau, par grands frissons, comme les accès espacés d’une ancienne malaria. Schmitz en a dressé un inventaire saisissant : — maintien obstiné de certains effets figuratifs stéréotypés, comme le bouillonnement des cordes à l’unisson dans la coda de Leonore n° 3, dant la source est dans l’ouverture d’Elisa ; ■— « effets d’alarme » ; — dessins de mouvement perpétuel et saccadé, 1. Arnold Schmitz montre aussi la ressemblance du début de l’ouverture du Porteur d’eau avec l’introduction unisson de l’ouverture n° 3 de Leonore.