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Page:Rolland - Beethoven, 1.djvu/340

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LES GRANDES ÉPOQUES CRÉATRICES

naient toujours au bord de Fapoplexie cérébrale, ou de l’aliénation mentale. Certains de ces voyants ressortaient de leurs accès de yoga, les yeux rouges, sanglants, « comme mangés par les fourmis ».

Toutes ces images me revinrent à l’esprit, en songeant aux poussées congestives, que Beethoven éteignait brutalement par scs ablutions glacées. Et, quand je connus le diagnostic du Dr Marage, je lui fis part des observations qu’on vient de lire ; je lui demandai s’il n’y avait point analogie entre les états de cette concentration yogiste, et ’absorption violente, tenace, continue, absolue, de Beethoven dans l’idée fixe. Est-ce que l’otite n’a pu être provoquée par ce régime cérébral, en vérité génial et meurtrier ? Ainsi, les dispositions naturelles psycho-physiologiques auraient, chez Beethoven, provoqué la catastrophe. Et celle-ci aurait, à son tour, renforcé, décuplé, les dispositions de nature A

Le Dr Marage acquiesça entièrement à ma suggestion î « La cause de la surdité de Beethoven, m’écrit-il 1 2, me semble être la congestion de Voreille interne et des centres auditifs 3, — congestion due au surmenage de Vorgane par la concentration forcenée, la fixité terrible de ridée, com.me 1. Lettre du 4 février 1928.

2. 6 lévrier 1928.

3. Et il ajoute, dans une autre lettre : « Les vésicatoires aux bras (ordonnés par le Dr Vering en 1801) étaient indiqués : ils agissaient comme porte d’élimination des toxines : c’est l’analogue de nos abcès de fixation actuels, D’où amélioration immédiate des bourdonnements. »