plume de Thérèse, l’étrange ascendant de la petite cadette. Pepi, veuve et mère de quatre enfants, à vingt-cinq ans, dominait l’aînée, de sa supériorité d’expérience et de sa certitude d être aimée. Thérèse n’avait de passion que pour Joséphine, et elle ne pouvait s’empêcher de la heurter ; elle apportait partout le malaise et l’orage. Joséphine, qui venait de perdre son mari et qui était gravement ébranlée, avait besoin de toutes ses forces pour maintenir son équilibre moral ; elle se sépara, sans indulgence, de cette sœur tourmentée et tourmenteuse... « Je sens encore, écrit 1 hérèse, toute Vamertume, la douleur et le désespoir qui me prirent, lorsqu après plusieurs tentatives (pour vivre ensemble), elle me dit, pour la dernière fois, qu’elle ne pouvait me garder chez elle, que je Rabaissais elle-même, que je l’empêchais d’avancer, et que, dans son état maladif, ayant quatre enfants et une grande maison à conduire, il lui était impossible d’avoir sur moi l’influence qu’elle désirait... Je partis, et me crus détachée d’elle pour jamais... »
C’était pendant l’été 1804, à l’époque même où Beethoven, leur voisin de campagne, écoutait bruire en lui la tempête de YAppassionata.
Une autre tempête dévastait le cœur de Thérèse. Elle avait le sentiment d’avoir tout perdu : amitié et amour. Nuit complète. Des mois de désespoir, où s’imposait à elle la comparaison de son total abandon avec le bonheur des autres : Joséphine entourée d’enfants, admirée, adulée par la société, courtisée par Beethoven ; la plus jeune sœur, Charlotte, fiancée, bientôt mariée... Après avoir rongé, des mois, se solitude, son énergie révoltée veut à tout prix