Quelques jours après la première visite de Rellstab, au début de novembre 1821, Gœthe convie une nombreuse société, pour lui faire entendre le petit Mendelssohn, âgé de douze ans ; et Rellstab nous conte la soirée, d’une plume alerte. Après que l’enfant eut admirablement joué et improvisé, Gœthe alla chercher quelques-uns de ses précieux autographes : — « Maintenant, attention ! Ici, tu resteras court !... » Et il lui met sur le pupitre le manuscrit d’un lied de Beethoven E L’écriture était presque illisible. Mendelssohn éclate de rire. Gœthe : — a Devine qui a écrit ! » Et Zelter, avec son boutoir : — « C’est Beethoven !
Il écrit toujours, comme avec un manche
à balai. » Le petit Félix en devient muet de saisissement : un sérieux soudain, plus que le sérieux, « un saint étonnement » (heiliges Staunen) ; le regard fixe, tendu... Peu à peu, a une lumière étonnée inonde ses traits, à mesure que se dégage du chaos du grimoire la haute pensée, le soleil de la beauté. » Gœthe, rayonnant de joie (freudesstrahlend), ne le quittait pas des yeux. Impatient, il ne lui laisse pas le temps de se recueillir : 11. D’après Max Friedlaender, c’était le manuscrit de o Wonne der Wehmul ».